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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Harry Beaumont, #John Barrymore
Beau Brummel (Harry Beaumont, 1924)

Il est beau (bien entendu).

Il est fier.

Il est insolent.

Il est impertinent.

C’est un séducteur.

C’est un coureur.
C’est l’arbitre des élégances de ce début de XIXème siècle : George Bryan Brummel  (John Barrymore) !

 

Tout commence en 1795, quand Brummel n’est qu’un simple hussard dans l’armée du Prince de Galle. Il aime une femme, Margery (Mary Astor). Mais leur amour est impossible : ils ne sont pas du même monde.

Brummel n’aura alors de cesse de se venger de ce monde aristocratique qui lui a pris son amour.

Mais cette vengeance n’a rien de sanguinaire, c’est une lutte de classe. En effet, Brummel sera toujours en avance sur son temps et donnera la tonalité vestimentaire. Malgré sa basse extraction, il tutoiera George (Willard Louis) – Prince de Galle et futur Roi George IV) – mêlant insolence et impertinence auprès de ce haut personnage.
Malheureusement pour lui, cette attitude (très) désinvolte amènera sa déchéance (le dernier quart du film).

 

John Barrymore est formidable. Il campe un Brummel plus beau que l’original (il semblerait que l’original était assez quelconque. Ce n’est plus un petit soldat, c’est un géant. Il est d’une grande fierté, s’effaçant même devant l’honneur quand sa promise doit se marier à un autre.

Mais si on s’amuse des impertinences de Brummel envers George, on ne peut rester insensible à la déchéance du personnage.

Du jour au lendemain, il est exilé et sombre. Il est suivi et soutenu par son valet, le fidèle Mortimer (Alec B. Francis, lui aussi très juste dans ce rôle).
C’est dans cette dernière partie que le film prend une grande dimension émouvante.

 

Brummel, comme les autres, vieillit. IL n’est pas oublié, seulement ignoré. Et quand Mortimer essaie un retour en grâce, Brummel, fier (voire orgueilleux), refuse et renvoie son homme de confiance. Il renvoie même celle qu’il aimait : il a vieilli, il a changé, et surtout, il est las. Las de cette vie.

Mais la déchéance ira encore plus loin.

Oublié de tous (sauf de Mortimer) il vivote dans l’hôpital d’une prison française, usé par la vie, sale, négligé, lui qui était le comble de l’élégance.

 

Et cette fin nous montre un Barrymore au sommet de son art. Certes, le voir en petit vieux nous fait craindre la grandiloquence de Dr Jekyll & Mr Hyde, mais c’est pour mieux nous surprendre : nous assistons à un final magnifique, symbolique où le réalisateur joue avec la surimpression, amenant dans la cellule austères les deux personnes qui ont le plus compté dans la vie de Brummel : George et Margery. Et cette surimpression se mêle magnifiquement au réel. Nous ne savons plus ce qui est vrai, du délire de Brummel ou de la réalité de Mortimer, témoin malheureux des derniers instants de son maître et ami.

Une très belle illustration de la vieillesse, chose rare au cinéma en 1924.

 

Margery et Brummel seront unis dans la mort, eux qui ne purent l’être dans la vie.

 

Splendide.

 

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