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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Curtis Bernhardt
Carrefour (Curtis Bernhardt, 1938)

Un homme marche, dans le brouillard. Une voix l’arrête et lui demande de lancer l’argent par-dessus le mur.

Cet homme s’appelle Roger de Vétheuil (Charles Vanel) et on le fait chanter : il s’appellerait en fait Jean Pelletier et aurait usurpé l’identité de Vétheuil après la guerre.

 

Curtis Bernhardt – de son vrai nom Kurt Bernhardt – était un réalisateur allemand, juif de surcroît,  ce qui lui valut d’être arrêté par la Gestapo, à laquelle il échappa pour rejoindre la France puis les Etats-Unis. C’est d’ailleurs avec ce film qu’il fut appelé à Hollywood par la Warner.

Il faut dire que l’histoire racontée est de tout premier ordre : un remake sera tourné en Angleterre en 1940 (Dead man’s Shoes) et Hollywood en tirera sa version en 1942 (Crossroads).

 

En plus d’une histoire solide, nous avons droit à une distribution prestigieuse : outre Charles Vanel, on trouve Jules Berry (Lucien Sarroux) un tantinet cabotin, comme on l’aime, quoi ; Suzy Prim (Michèle) dans un rôle rédempteur, magnifique ; Amiot, Palau, Pérès etc.

Et en plus quelques personnes qu’on retrouve au gré des films de cette décennie : le jeune  Jean Claudio qui était pensionnaire à Saint-Agil six mois plus tôt ; Marcelle Géniat qu’on avait aperçue dans La belle Equipe ; et en prime Jean Tissier, brièvement, qui loue les mérites de l’Egypte sans y avoir jamais mis les pieds…

 

Bien entendu, ce sont Charles Vanel et Jules Berry qui portent le film, chacun dans son genre : Vanel en bourgeois honnête et Berry en escroc notoire, bien entendu. Quand Berry apparaît, on sait – par habitude essentiellement – qu’il n’est pas là par philanthropie… Et une fois le procès terminé, qui réapparaît chez Vétheuil ? Ce même Sarroux, pour le faire chanter.

 

Certes, Vétheuil n’est peut-être pas Vétheuil, et c’est là tout le nœud de l’intrigue, mais Charles Vanel interprète un homme qui ne sait plus où il en est : si Pelletier était un truand (2), bien connu des services de police, Vétheuil était quant à lui héritier d’une grosse fortune.

Mais cet homme habité par le doute est avant tout honnête.

Or cet homme est réellement revenu de la guerre 14-18 (3), après une blessure qui l’a laissé amnésique, et tout ça alors que les deux compagnies étaient au même endroit, d’où le doute réel. Alors évidemment, la déposition de Sarroux au procès est capitale et assujettit alors la vie de celui qui se fait appeler Vétheuil.

 

Mais, et c’est là qu’est l’habileté du scénario, car Sarroux est gagnant sur tous les tableaux, et surtout celui qui pense être Vétheuil perd tout : soit Sarroux le sauve, mais il devra payer pour cela ; soit Sarroux le dénonce et l’autre n’a plus rien.

Alors oui, la scène a bien lieu, ce n’est pas seulement une accroche, mais de là à dire que Vétheuil tue Sarroux, il y a un pas que je ne franchirai pas, vous laissant le plaisir de la résolution finale de cette intrigue rondement menée (4).

 

  1. Au moment du procès en diffamation que Vétheuil intente à un journaliste qui avait mis en doute son identité.
  2. Il était très ami avec Sarroux, alors forcément…
  3. L’histoire se passerait aux alentours de 1926-27.
  4. Hans Kafka était un écrivain d’origine allemande (1902-1974) : on ne sait que très peu de choses sur lui, sinon qu’il a écrit de nombreuses histoires qui ont été adaptées sur grand écran.
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