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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Cecil B. DeMille, #Histoire, #Peplum
Cléopâtre (Cleopatra - Cecil B. DeMille, 1934)

Les portes de l'Histoire s'ouvrent... Sur une jeune femme nue ! Mais depuis le premier juillet [1934], le Code Hays est entré en vigueur. Alors elle est filmée en contre-jour, mais ça ne trompe personne... En tout cas, le ton est donné. S'ensuit un film où les femmes sont jeunes, belles et peu vêtues. Et la première, c'est Claudette Colbert qui joue le rôle titre. Elle porte des tenues très « sexy » (terme qui est apparu dans la décennie précédente), voire provocantes.  Cela sera - bien entendu - reproché à DeMille qui devra tout de même enlever quelques éléments.

Autrement, tout est là : César (Warren William), le tapis, le mauvais augure (« méfie-toi des ides de Mars »), l'assassinat de César, ses derniers mots (« toi aussi Brutus »), Antoine et ses chiens, la vipère, et surtout la (trop ?) belle Cléopâtre.

C'est déjà le septième film racontant l'histoire de la reine d'Egypte. Et comme c'est Cecil B. DeMille, c'est une débauche (hum...) de luxe incroyable. Surtout pendant la rencontre entre Antoine (Henry Wilcoxon) et Cléopâtre.

Ca en devient même féérique. C'est à chaque fois un degré d'ajouté dans le luxe. Mais c'est aussi ce qui va faire qu'Antoine aimer Cléopâtre : alors qu'il arrive (avec ses chiens) bien décider à la ramener de force - enchaînée s'il le faut -, elle le reçoit avec faste et grandeur. A chaque argument viril, elle répond par un argument plutôt féminin.

Et , bien entendu, c'est elle qui gagne. Elle va même jusqu'à dévoiler son plan à un Antoine très (trop) sûr de lui : elle sait qu'Antoine veut la ramener de force à Rome. Mais même cet aveu fait partie de son plan. A partir de là, c'est le grand jeu. Nous assistons à une démesure royale. Des danseuses court vêtues, des plats raffinés, des coquillages emplis de pierres précieuses... Et ça marche ! Le visage de ce dernier s'éclaire peu à peu jusqu'à se rapprocher de celui de Cléopâtre. Et finalement, il succombe. Cela nous amène le point culminant de cette scène avec rideaux tirés, pétales et guirlandes de fleurs, danseuse, musiciennes, encens... Le tout dans un travelling arrière qui nous ramène au lieu de cette débauche de luxe : la réale de Cléopâtre aux avirons dorés maniés par des esclaves enchaînés - le pendant moins glorieux de tout ce faste.

Lui qui rêvait de conquérir l'Egypte est conquis par cette reine atypique.

Parce que Cléopâtre était une reine atypique : sa présentation rocambolesque à César (l'épisode du tapis), son affrontement avec Antoine, tout est fait pour nous présenter une personne hors du commun.

Mais la romance prend le pas sur la politique. Et on pourrait presque définir sa relation aux deux chefs de guerre ainsi : elle aima César qui ne l'aimait pas, et n'aima pas Antoine qui lui l'aimait.

Mais fut-ce le cas ? Et en ce qui nous concerne, quelle importance ?
Claudette Colbert est magnifique. Sa plastique ajoute à son charme, mais c'est son esprit un tantinet mutin qui fait tout son charme. Je reviens encore à sa rencontre avec Antoine, la scène clé du film : elle charme Antoine, elle l'imite dans son attitude renfrognée, elle le gâte, mais surtout, elle le maîtrise. Elle sera sa chute.

Et tout cela par calcul : alors qu'Antoine succombe, et avant que soient tirés les rideaux, elle a un regard pour son conseiller Appolodorus (Irving Pichel), un mouvement de tête, et le final de cette scène se met en place. Tout n'était que manœuvre pour attirer Antoine dans son lit.

Mais la fin était écrite. Tous ces gens doivent mourir. Et Cléopâtre, amoureuse par calcul d'Antoine est dépassée par ses sentiments. Ce qui ne fut tout au plus qu'une attirance devient véritable amour.

La mort d'Antoine, couplée avec la prise d'Alexandrie par Octave (!), sonne le glas de ses espérances.

Elle nous montre alors comment meurt une reine.

Les portes de l'Histoire se referment.

 

[Une scène de bataille avec force surimpressions, mêlant suggestion de violence et cadavres sanguinolents nous permet en outre de revoir des images de poursuite tirées des 10 Commandements (1923), du même Cecil B.]

 

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