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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Victor Fleming, #Fanstatique

Troisième version de référence, cette adaptation de Fleming est un remake de celle de Mamoulian.

Tout y est : Le serviteur zélé, la jarretière, le miroir, le serveur précipité à terre, la pluie quand Beatrix est partie, Jekyll en proie à ses démons, tout. Normal. C'est le même. Quoi que.

Ici, nous sommes dans un contexte tangible, historique. Il est annoncé que nous sommes dans l'année du Jubilée de la reine Victoria.

Alors que Mamoulian évoquait Londres dans sa version, Fleming ici nous transpose dans la capitale anglaise. Les lieux fréquentés par Jekyll sont exacts : Albert Hall, National Gallery, Variety Fair... On y parle aussi de l'Empire (qui ouvrit en 1884 puis rouvrit en 1887 !). Et puis il y a aussi le légendaire brouillard qui donnera une autre dimension à la poursuite de Hyde.

Mais revenons à l'intrigue. Ici, Jekyll est un scientifique. Un vrai. Il parle science, il agit science, il est science. Quand il recherche, il ne fait pas semblant. Il a même ses cobayes. Ce n'est plus Fredric March qui trouve la formule. C'est un vrai savant qui tâtonne et finalement trouve, mais la recherche est importante. Ce docteur Jekyll n'est pas un apprenti sorcier. Il est on ne peut plus éminent. Et quand son cerveau bouillonne pour trouver la formule, Fleming illustre cette activité en superposant différentes images de recherche (fioles, liquides, alambiques, lapins et autres rats...).

Mais ce que Fleming gagne en réalisme et crédibilité, il le perd en effets. beaucoup d'éléments ici ne sonht que suggérés. L'amour de Jekyll et Beatrix est flagrant. Même si Lana Turner manque cruellement d'épaisseur. Ca doit être le rôle qui veut ça.

Par contre, tout le reste est aseptisé. Il faut dire que le Code Hays est des plus respectés. En effet, lors de la version précédente, le Code n'était pas très effectif, et toute licence était (presque) permise. Ici, il n'est pas question d'affoler le bourgeois. Tout doit être caché, suggéré. Alors ça l'est. Mais en fin de compte, la force de la version Mamoulian se perd, et c'est bien dommage. Pourtant, Spencer Tracy est très convaincant en Hyde.

D'autant plus que sa transformation n'en fait pas un monstre aussi terrible que ne peut l'être March. Ses traits sont accentués, vieillis. Sa mâchoire est ornée d'un sourire qui nous fait sans aucun doute possible penser à Lon Chaney dans London after Midnight (by Tod Browning, 1927 copie malheureusement disparue). Là encore, Fleming joue sur le réalisme de l'histoire. Pas de transformation profonde du crâne pour Spencer Tracy, comme pour Barrymore ou March. Mais cette anormalité normale de Hyde le rend presque plus inquiétant. Parce qu'il se fond plus facilment dans la foule. (Heureusement, ses actes sont toujours aussi répréhensibles).

A propos de la transformation de Jekyll en Hyde, il faut attendre la deuxième moitié du film pour la voir. Mais l'effet n'est pas aussi saisissant que dans le Mamoulian. Je dirai même qu'elle est moins bien faite. Quant à l'ultime transformation, il s'agit du même plan, en miroir.

En conclusion, un beau film. Un peu trop édulcoré, mais fidèle à l'époque de l'intrigue. Le même film que celui de Mamoulian, l'audace et le génie en moins, conforme au code Hays.

Et finalement, le fait de ne rien montrer, n'est-ce pas la revanche de la société victorienne sur l'œuvre de Stevenson ?

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