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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Drame, #Fantastique, #Tim Burton
Edward aux Mains d'argent (Edward Scissorhands - Tim Burton, 1990)

Pourquoi la neige tombe-t-elle ?

C’est à cette réponse que va répondre la vieille Kim (Winona Ryder) à sa petite-fille qui ne veut pas dormir sans une histoire.

Une histoire, elle va en entendre une. Et quelle histoire !

Celle d’Edward (Johnny Depp), un jeune garçon créé par un vieil inventeur (Vincent Price) qui a pour main des lames ce qui explique le titre original (1) traduit plus poétiquement en français (2).

Bien sûr, Edward est extrêmement adroit de ces mains tranchantes et le prouve autour de lui en modelant les buissons des jardins et les coiffures des dames voire des chiens.

Mais Edward n’est pas adapté à ce monde stéréotypé très américain et très propre, lui qui vivait dans un vieux manoir de style Universal dans années 1930s…

 

Le parallèle avec la Universal dans les années 1930s n’est pas anodin. Dans les années 1930s, les studios Universal ont sorti quelques films fantastiques mâtinés d’horreur qui sont toujours cités en exemple près de 90 ans plus tard. Et en voyant Edward, je pense surtout à celui qui a inauguré cette série : Frankenstein.

Et la première vision que nous avons de ce manoir tranche complètement avec la ville américaine qui nous est proposée : tout y est bien propre et bien soigné, les gazons ont la hauteur d’herbe réglementaire et les maisons ont chacune une couleur différente de sa voisine, tout en restant dans des coloris doux.

Alors quand Edward pénètre dans ce milieu propret et bien équilibré – chacun a/à sa place – on sait que ça ne va pas bien se passer. Le premier indice est le plus flagrant : Edward est habillé de cuir noir, tranchant avec la vêture colorée (un brin pastel) des autres protagonistes.

 

Pourtant, comme dans toute tragédie, tout commence bien pour lui : il est accueilli par chaleureusement Peggy Boggs (Dianne Wiest) et son mari Bill (Alan Arkin) ainsi que leur fils Kevin (Robert Oliveri). Le voisinage est lui aussi très enthousiaste de découvrir ce jeune homme aux mains magiques, et surtout les femmes qui n’ont pas grand-chose à faire de leur journée.

Mais quand Harry va résister aux avances de Joyce Monroe (Kathy Baker), la situation va progressivement se dégrader. C’est d’ailleurs un des parallèles qu’on peut observer avec Frankenstein : tout comme le monstre du docteur, Edward s’échappe et tout se met à mal tourner.

Mais alors que le monstre de Mary Shelley est la cause directe du mal, Edward en est la première victime, et il en va ainsi (presque) tout le temps : la créature interprétée par Johnny Depp est le négatif de celle jouée par Boris Karloff. Tous deux ont la même naïveté envers le monde extérieur et aucun des deux n’est « achevé ». En effet, Edward n’a pas reçu les mains promises, ni la créature le cerveau adéquat.

 

Et puis il y a Winona. Révélée par un précédent film du même Tim Burton (Beetlejuice, 1988), elle est une Kim Boggs magnifique, révulsée par l’apparition d’Edward (3), mais qui va progressivement (là aussi) apprendre à l’apprécier, jusqu’à l’aimer. On retrouve ici une nouvelle référence fantastique : Kim n’est ni plus ni moins que la Belle qui tombe amoureuse de la Bête Edward, comme chez Mme Leprince de Beaumont.

Mais alors que La Belle et la Bête se termine bien, je vous ai annoncé que nous sommes dans une tragédie – douce, certes – et le final avec les habitants de ce quartier modèle(s) n’est pas sans rappeler celui du film de James Whale.

 

Un petit mot pour finir sur le temps de l’intrigue. A aucun moment  Tim Burton ne marque franchement son film dans le temps. Les habillements des différents habitants du quartier ainsi que leurs coiffures ou encore leurs matériel et accessoires nous emmènent dans les années 1960s, celles avant 1968.

Mais de nombreux détails vont à l’encontre de cette datation. Les couleurs chamarrées des maisons ou des voitures, les nouvelles coupes de cheveux créées par Edward nous en éloignent. De même que le van des jeunes gens qui traînent avec Kim n’a pas grand-chose à voir avec cette supposée période.

 

Mais qu’importe, ce qui compte le plus, c’est la magie qui émane de ce film, cette histoire d’amour impossible et donc très beau, avec une petite pointe d’ironie qui adoucit le côté tragique (3), le tout soutenu par la très belle musique de Danny Elfman.

C’est à nouveau un très beau film sur la différence, mal acceptée encore une fois, et qui se transformerait presque en conte merveilleux si Edward accédait à la normalité. Mais de ce cas, y aurait-il cette magie ?

 

PS : c’est la dernière fois que nous voyons Vincent Price au cinéma. Sa prochaine et ultime contribution ne concernera que sa voix. Et quand quelque chose se termine, une autre commence : c’est la première collaboration de Tim Burton avec Johnny Depp (7 à ce jour).

 

  1. « Edward aux Mains de ciseaux »
  2. Pas si mal tout compte fait.
  3. Quand on n’est pas prévenue, c’est un peu normal de paniquer en trouvant quelqu’un dans son lit, surtout avec des lames à la place des mains…
  4. Le retour des maris le soir ou leur départ le matin…
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