Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Stanley Kubrick, #Guerre
Full metal Jacket (Stanley Kubrick, 1987)

Nouveau film, ancien domaine : Stanley Kubrick retourne au film de guerre, près de 30 ans après Les Sentiers de la gloire, pour nous proposer une autre vision de la guerre du Vietnam qui a fortement marqué l’opinion américaine pendant et après le conflit.

Si on excepte le film de propagande tourné par ce vieux briscard de John Wayne, une série de film a fleuri sur les écrans américains – et dans le reste du monde, donc – et ce très peu de temps (1) après la fin des conflits et l’évacuation de l’ambassade des Etats-Unis (30 avril 1975). Ces nombreux films prenaient souvent des points de vue différents et traitaient de thèmes pas toujours glorieux, et surtout insistaient sur cette défaite inéluctable que certains avaient ressentie avant les autres.

 

Une « 7,62 mm, full metal jacket », comme le dit Leonard « Pyle » Lawrence (Vincent D’Onofrio), désigne le projectile que crachent les M14, fusils des Marines.

C’est d’ailleurs avec la préparation physique de ces futurs soldats que commence le film, pendant le premier tiers du film.

Ces hommes sont une élite dans l’armée américaine, fonctionnant indépendamment des autres. L’entraînement est dur, physiquement et moralement.

Ici, c’est le sergent instructeur Hartman (R. Lee Ermey) qui s’occupe d’eux on peut rapidement voir que ces hommes ne sont pas à la fête : après avoir perdu leurs cheveux (tonte obligatoire), ils sont traités comme des sous-hommes qui doivent gagner leur droit à être des Marines.

Cet entraînement est d’une violence incroyable : les différents moments sont tous aussi dégradants les uns que les autres, et on ne peut imaginer un tel personnage avoir un quelconque sentiment humain.

La plupart d’entre eux survivent à ce traitement, mais c’est pour se retrouver au front, à quelques milliers de kilomètres de chez eux.

 

S’une certaine façon, cet avant-dernier film de Kubrick rappelle son premier film de guerre – Les Sentiers de la Gloire, donc – qui était alors toujours interdit en France. En quoi ? On assiste ici à une autre stupidité militaire qui consiste à rabaisser les hommes pour en faire de véritables machines à tuer.

Si Matthew Modine est le principal personnage du film – et par ailleurs narrateur à partir de la fin des « classes » - on retient surtout deux prestations phénoménales : Ermey dans le rôle de Hartman, mais surtout Vincent D’Onofrio dans celui du Pyle.

En effet, Hartman est très convaincant, mais c’est bien normal : il interprète un rôle qu’il a déjà vécu puisqu’il fut instructeur et qu’à l’instar de ses « protégés » il est parti au Viêt Nam en 1968.
Vincent D’Onofrio par contre, est magnifique dans ce rôle de bouc émissaire qui punit le peloton par son incapacité. Mais une fois qu’il rentre dans le rang (au propre comme au figuré), il commence à ressembler aux héros de Kubrick : on ne peut oublier son regard de fou quand Joker (Modine) le retrouve dans les toilettes, chargeant son fusil. Ce sont deux autres personnages de Kubrick qui nous viennent en tête : Jack Torrance (Jack Nicholson) dans Shining et surtout Frank Alexander (Patrick Magee), l’écrivain dans Orange mécanique.

 

Et puis il y a la guerre. Le plus spectaculaire ici, ce sont les hommes et non la guerre elle-même. Et ce malgré la prouesse de Kubrick de tourner les scènes du Viêt Nam dans la banlieue de Londres.

Mais pour le reste, la guerre n’a aucune envergure. Les rares ennemis des Marines qu’on y voit ne sont que des ombres, à l’exception du sniper. Les soldats sont alors tentés de tirer sur tout ce qui bouge, n’étant pas capables de discerner leur véritable ennemi.

 

Par contre, quand ils ont attrapés leur sniper, on assiste à une scène étrange où ces hommes sont partagés entre deux sentiments : celui de soulagement d’avoir échappé (‘pour l’instant) à la mort ; et la fascination devant une personne qui agonise. Ils ont tous les yeux fixés sur la « victime », incapable de regarder autre chose.


Tout comme Les Sentiers de la Gloire, le film se termine sur une chanson : alors que dans le premier film, c’était une Allemande qui interprétait une chanson de son pays devant des soldats fatigués et émus. Ici, pas de fatigue ni d’émotion : des Marines qui avancent en chantant (pas toujours juste) une de ces chansons de marche à la gloire de leur héros : Mickey Mouse (2).

Dernier avatar de l’absurdité de cette guerre, sale et inutile.

 

PS : j'oubliais, Bonne année !

 

 

  1. Travis (Robert de Niro) dans Taxi Driver (1976) est un vétéran de cette guerre.
  2. Il s’agit du générique de l’émission télévisée Mickey Mouse Club.
Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog