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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Comédie dramatique, #Greta Garbo
La Légende de Gösta Berling (Gösta Berlings Saga - Mauritz Stiller, 1924)

Grandiose.

Le roman de la grande Selma Lagerlöf (1) est ici adapté avec beaucoup de brio et servi par une interprétation impeccable. Mais surtout, La Légende de Gösta Berling, c’est le film qui a révélé l’une des plus grandes actrices de tous les temps : la Divine, Greta Garbo.

 

Nous sommes au début du 19ème siècle et la propriété d’Ekeby est dirigée avec beaucoup de bienveillance par Margaretha Celsing (Gerda Lundequist), la femme du Major (Otto Elg-Lundberg), et accueille une troupe de convives fort singuliers et bons vivants : les Cavaliers. Ce sont des aventuriers, la plupart du temps en rupture de ban, des nobles déchus. Bref, des SDF comme on dit de nos jours. Parmi ces jouisseurs, se trouve Gösta Berling, un ancien pasteur qui fut révoqué pour son alcoolisme et qui a la malchance de porter malheur à toutes les femmes qu’il touche.

Alors quand le comte Dohna (Torsten Hammarén) revient d’Italie avec sa jeune épouse Elizabeth (Greta Garbo), on sait que le destin (toujours lui) va les faire rencontrer Berling.

 

Il est très difficile de résumer l’intrigue du film sans se perdre dans des méandres littéraires et finalement prendre toute la place de cet article. Il faut dire qu’il y a de nombreux personnages pertinents qui habitent des sous-intrigues autour de l’histoire de Gösta Berling. Le titre original parle de saga et Mauritz Stiller prend son temps pour nous l’’exposer, sans rien occulter, amenant les différents épisodes les uns après les autres pour former un grand film (2).

Mais si le personnage principal est Berling, ce sont tout de même les femmes qui sont les différents révélateurs du film, voire les moteurs de l’intrigue.

Certes Berling est celui qui va grandir et s’améliorer tout au long du film, mais ce sont avant tout les femmes qui vont le faire avancer, amener son changement.

Et la première est étonnamment Elizabeth qui va lui révéler la machination ourdie par l’un des personnages les pus fourbes du film : la comtesse Dohna (Ellen Hartman-Cederström), belle mère d’Elizabeth. Ce sera la dernière fuite de Berling qui deviendra alors un Cavalier.

Autre femme importante, la femme du Major qui va amener à nouveau Berling vers son destin : en brûlant Ekeby elle va définitivement l’amener à se réformer, poussé en prime par Elizabeth (encore elle).

Dernière femme d’importance, la jeune et belle Marianne Sinclaire (Jenny Hasselquist) qui par son audace (punie, ça ne se fait pas dans les milieux aristocrates suédois du début 19ème siècle) envers Berling va l’amener sur la pente ascendante du rachat (3).

Berlin est entouré de femmes qui l’aiment et qu’il aime (les jeunes !), mais il faut attendre le moment des résolutions d’intrigues pour bien comprendre l’implication de ces femmes dans la vie et surtout le renouveau de Berling.

 

Et puis il y a dans cette Légende un souffle épique magnifique, soutenu par un montage impeccable. Si Stiller prend son temps pour raconter cette belle histoire, il n’empêche pas le rythme de s’accélérer quand l’intrigue le demande, donnant au film un tempo varié et surtout qui ne décourage pas le spectateur actuel (4).

De plus, les images de Julius Jaenzon (5) sont superbes (encore une fois), donnant à certains cadrages des allures de tableaux : Margaretha Celsing dans sa prison en est l’une des plus belles illustrations, l’éclairage faisant beaucoup pour la beauté de la scène.

Cette retransmission d’effets picturaux n’empêchent pas la caméra de se déplacer, là encore quand l’intrigue le demande, surtout dans l’épisode qui voit Marianne reniée par son père qui l’abandonne dans le froid. Encore une fois : superbe.

 

Et puis donc il y a Garbo.

Il faut attendre 36 minutes pour la voir enfin, épluchant quelques fruits qu’elle a rapportés d’Italie et qu’elle déguste avec son mari dans le carrosse qui la ramène en Suède.

Elle n’a que 18 ans quand le film sort, mais déjà elle possède ce qui fera sa notoriété : ses beaux yeux tristes et son jeu sobre. Mais elle n’est pas encore la Divine que nous connaissons, ses rondeurs étant bien visibles surtout dans les tenues qu’elle porte. Quoi qu’il en soit, elle ne va pas laisser les gens indifférents puisque l’année suivante on la retrouvera dans La Rue sans joie de Pabst avant qu’elle parte pour Hollywood…

Mais bien sûr, ceci est une autre histoire.

 

  1. Elle a aussi écrit Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède (1906-1907).
  2. Dans la longueur aussi : 183 minutes !
  3. J’aurais pu écrire « rédemption », n’oublions pas que Berling était pasteur…
  4. Le film sortit en deux parties quasiment de même longueur (à une minute près) à une semaine d’intervalle, permettant au spectateur de souffler dans cette longue histoire, mais donnant irrémédiablement envie de voir la suite une fois la première partie achevée…
  5. Rappelez-vous, La Charrette fantôme, c’est lui !
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