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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Marcel Carné, #Jacques Prévert, #Drame
Les Portes de la nuit (Marcel Carné, 1946)

Février 1945.

Deux enfants qui s'aiment (ils ne sont là pour personne).

Un jeune homme qui va retrouver un vieux camarade.

Un camelot et sa marmaille.

Une femme qui quitte son mari.

Un fils et son père.

La Guerre qui se finit.

Et le Destin qui rôde, plus qu'il ne veille...

 

Carné, Prévert, Kosma, Trauner, Brasseur, Loris, Marken... C'est le retour de l'équipe des Enfants du paradis. Et là encore, ce sont des destins croisés. Des gens qui, le temps d'une nuit feront un bout de chemin ensemble. Mais là encore, le Destin, implacable, les marquera.

Parce que le personnage central, c'est le Destin (Jean Vilar). Il est partout. Il agit au bon (?) moment. Mais s'il annonce les événements, il aide aussi à les provoquer. Et Vilar nous propose un personnage riche et ambigu, véritable lien de tous ces personnages : les prévenir de ce qui peut leur arriver, n'est-ce pas aussi les encourager à s'y engouffrer ?

Oui, c'est la dernière collaboration (ce n'est peut-être pas le mot adéquat...) de Prévert et Carné. Mais c'est ainsi : un amitié s'éteint, une autre commence avec Yves Montand.

Mais ce film, c'est aussi la véritable avènement de deux jeunes acteurs : Yves Montand (tout juste 25 ans quand le film sort) et Serge Reggiani (24 ans). Montand est un grand dadais, un peu fantasque, mais au visage changeant : il passe de la joie à la tristesse voire à la menace très facilement. Quant à Reggiani, il commence une carrière de mesquin assez réussie. Son personnage annonce Antoine Rougier dans Marie-Octobre.
Parmi les nouveaux venus dans l'univers de Carné, citons Quinquina (Julien Carette), père de famille (très) nombreuse, à la gouaille toujours aussi caractéristique. Notons au passage que sa mégère (Mady Berry) n'est pas piquée des hannetons elle non plus !

Mais c'est aussi la fin de la guerre. Et les collabos de tout poil ne sont pas appréciés. Sénéchal père (Saturnin Fabre) en est un magnifique exemple : fourbe et veule à la fois. Répugnant.

Et puis il y a l'élément indispensable à Prévert : l'amour. L'amour des enfants seuls, Etiennette (Dany Robin) et son (très) jeune fiancé (Jean Maxime) ; l'amour qui se meurt, entre George (Pierre Brasseur) et Malou (Nathalie Nattier) ; celui qui naît entre Diego (Yves Montand) et la même Malou...

Même si la guerre est finie quand sort le film, le ton est toujours le même. La seule différence : le Destin qui enfermait les héros dans leur malheur est présent.

Pour le reste, rien ne change. L'amour de Diégo et Malou est le même que celui de Jean et Nelly dans Le Quai des brumes. Un tout petit peu clandestin, et limité par le temps. Mais si Nelly embrassait une dernière fois Jean...

Et puis le comble de l'ironie fatale (du latin fatum, le destin) : le salaud écrasé par sa victime qui ne le sait même pas.

Enfin, il nous reste les dialogues. Encore une fois, les répliques de Prévert sont magnifiques :

« Un gavroche dans la famille, passe encore. Mais une douzaine... » (Quinquina)

« Je vous intime l'ordre de vous taire.

- L'ordre. L'ordre nouveau, peut-être ? » (Sénéchal & Quinquina)

« J'en connais qui n'ont pas attendu la fin de la guerre pour faire des affaires, hein, avec les touristes ? Même habillés en vert... » (Quinquina)

« Un grand sourire pour dire bonjour... Un p'tit mouchoir pour dire au revoir. »

 

Et la musique, enfin, entraînante et entêtante, de Joseph Kosma : la valse lente et triste des Feuilles mortes...


A (re)découvrir...

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