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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Marcel Carné, #Fantastique

« Qui bat… Qui bat… » répète le diable en frappant la statue des amants réunis dont le cœur bat à l'unisson.

D'aucuns y ont vu une allégorie de la Résistance dont le cœur continuait de battre malgré l'Occupation. Pourquoi pas.

Pour ma part, je n'y vois que le triomphe de l'amour sur un diable qui enrage.

Tout est réuni pour faire un grand film : Marcel Carné réalise ; Prévert met en parole ; Kosma en musique ; Trauner décore ; Hubert filme ; Arletty, Ledoux, Herrand et Berry jouent.

Mais voilà, ça ne marche pas. Enfin, ça ne marche pas comme ça aurait dû. Mais c'est Carné, alors on regarde. Situé entre Le Jour se lève et Les Enfants du Paradis, il n'atteint pas le niveau de l'un ou de l'autre. Le maître peut parfois avoir un coup de moins bien (Hitchcock a tourné L'Etau, je rappelle).

C'est lent. Beaucoup trop lent. Les acteurs sont lents, l'action est lente, la diction est lente. Le duel entre Ledoux et Herrand est mou et peu crédible. Même Arletty est empesée. Elle n'a rien à voir avec la Clara du Jour se lève ni avec la Garance insouciante des Enfants du paradis. Elle semble éteinte.

Et puis, il y a Berry, le cabot le plus formidable du cinéma français. Alors que sa grandiloquence a parfois tendance à alourdir un film, ici, c'est le seul qui apporte de la vie. Il est vivant, il est vif. Alors que tous sont monochromes, il débarque - véritable deus (!) ex machina - avec son habit orné de fioritures. Alors que tous sont proches de la déclamation, il réveille le spectateur par ses répliques affutées.

Alors ça s'emballe, ça virevolte. Il est partout à la fois et se réjouit des malheurs des autres protagonistes. Il est paradoxalement le seul être vivant du film, alors qu'il est le messager de la mort : « la mort, c’est moi. » aime-t-il à préciser en souriant. Mais il a fallu attendre la deuxième moitié du film pour le rencontrer.

Dommage.

Il reste quand même de très belles images et les superbes décors de Trauner.

Alors ne boudons pas - complètement - notre plaisir.

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