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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Western, #John Ford
Trois sublimes Canailles (Three bad Men - John Ford, 1926)

« Bull » Stanley (Tom Santschi), Mike Costigan (J. Farrell MacDonald) et « Spade » Allen (Frank Campeau), tels sont leurs noms. Recherchés un peu partout aux Etats-Unis, ils se retrouvent malgré eux obligés de sauver une jeune femme attaquée par des brigands à la solde de l’infâme shérif Layne Hunter (Lou Tellegen).

Forcés de faire le bien, ils restent avec la belle Lee Carleston (Olive Borden) à présent orpheline.
Se joint à eux Dan O’Malley (George O’Brien), un jeune cowboy tenté par l’aventure et surtout l’ouverture à la colonisation du Dakota en 1877.

 

Deux ans après The iron Horse, John revient au western, reconstituant dans le même temps la ruée sur le Dakota qui eut lieu au milieu des années 1870s. On y retrouve en plus des thèmes qui lui sont chers, la progression de cette Civilisation américaine qui continue d’avancer toujours plus loin dans l’Ouest sauvage. Cette évolution de la société chez Ford s’achèvera 35 ans plus tard avec L’Homme qui tua Liberty Valance.

 

Le microcosme

Cette ruée s’accompagne d’une attente forcée qui voit émerger une ville champignon (1). Cette ville, comme dans The iron Horse comporte ses lieux et ses personnages indispensables : saloon où l’alcool coule à flot ; shérif pour faire régner la Loi et l’ordre, mais ici, c’est surtout à son propre avantage que la Loi est défendue ; prostituées et presse dont le directeur de la publication est à moitié écossais, ce qui signifie qu’il boit beaucoup plus qu’il n’écrit…

Mis à part le shérif et ses affreux acolytes, tous ces personnages sont hauts en couleurs et source de comique.

Jusqu’à l’arrivée du pasteur (Alec B. Francis), amenant le dernier élément indispensable d’une communauté américaine chez Ford : Dieu.

 

La famille

Comme toujours, l’intrigue a une dimension familiale, qu’elle soit principale ou secondaire, l’accent est mis sur cette base de la société américaine (et mondiale, on peut le dire). Lee se retrouve orpheline ; « Bull » recherche sa sœur Millie (Priscilla Bonner) et le salaud qui l’a déshonorée ; sans oublier l’espoir de toutes ces familles qui sont venues chercher un monde meilleur et vont se créer elles-mêmes leur propre paradis.

Par extension, on peut parler de la famille des acteurs dans les films de Ford : on retrouve, encore une fois George O’Brien et surtout l’incontournable J. Farrell MacDonald qui jouera jusque tard avec le maître. Sans oublier George Schneiderman qui a filmé et filmera encore pour le réalisateur.

 

La musique

Indispensable même si le film est muet. Dan O’Malley joue de l’harmonica et un malheureux « avorton » bien mis se tire des pattes de Mike et Spade en faisant danser une jeune femme.

 

Les femmes

Comme toujours, elles sont indispensables çà l’intrigue. Si on excepte les prostituées qui sont plus là pour décorer, on distingue trois femmes :

  • Lily (Phillys Haver) : a priori une prostituée qui remarque Dan dès son arrivée à Custer mais est éconduite deux fois. Son rôle, quoi que secondaire amène une variation dans les rapports entre Dan et Lee.
  • Millie : c’est la jeune femme abusée par un infâme – en l’occurrence Layne – et qui trouvera sa rédemption en sauvant les ouailles du pasteur, attaquées pendant une réunion.
  • Lee enfin, la jeune femme vierge et sure d’elle. Elle a le caractère bien trempé des héroïnes fordiennes. Orpheline, elle saura tirer le meilleur de ses trois sublimes canailles, et trouvera l’amour en la personne de Dan. Avec, comme annoncé cidessus, des hauts et des bas. C'est une jeune femme qui sait ce qu’elle veut et qui amène nos trois compères à s’amender.

Parce que nos trois fripouilles se retrouvent coincées par leur attachement à Lee. Ils doivent la protéger, et surtout faire le Bien, ce qui n’est pas chose gagnée quand on les voit évoluer : si Bull est un leader de par son intelligence mais surtout sa forte carrure, les deux autres sont de drôles de cocos, voleurs malgré eux si on les écoutait, mais surtout deux sacs-à-gnole incorrigibles.

Ils arrivent dans le soleil, vers lequel on a plutôt l’habitude de voir les héros s'en retourner, ils n’ont d’égal à leurs mines patibulaires qu’un cœur d’or caché sous des dehors frustes et des atours bien sales.

 

Ces trois mauvais hommes, malgré tout, savent gagner l’amitié de tous : de Lee et Dan, et surtout du public. On ne peut qu’aimer de telles canailles, au verbe haut et aux paroles un peu idiotes (surtout Spade et Mike), mais qui savent honorer leur devoir quand la situation l’exige. Alor ils gagneront leur Rédemption (2), unis pour toujours dans la mémoire de ceux qu’ils auront su protéger jusqu’au bout.

 

P.S. : on retrouvera un trio similaire une vingtaine d’années plus tard dans Le Fils du désert, dont le titre original est plus parlant : Three Godfathers. Trois parrains, comme nos trois canailles au cœur d’or qui nommeront (3) le premier-né de Lee et Dan.

 

  1. Custer, en hommage au tueur d’Indiens qui succomba à Little big Horn quelques mois plus tôt (1876).
  2. Indispensable, vous savez bien…
  3. C’était le rôle du parrain en ce temps-là…
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