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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Julien Duvivier, #Comédie dramatique
Un Carnet de bal (Julien Duvivier, 1937)

Monsieur est mort. Un suicide, peut-être : il reste encore une balle dans le fusil.

Madame - Christine (Marie Belle) - est triste, mais pas plus que d'habitude. Cela fait presque vingt ans (dix-huit pour être précis) qu'elle est triste. Depuis ce bal.

C'était le dix-huit juin 1919. Elle avait seize ans et assistait à son premier bal, à Bordeaux.

Ce jour-là, tous ses cavaliers ont découvert une magnifique jeune fille qui profitait à fond de chaque instant.

Chacun avait un mot gentil pour elle. Chacun n'avait jamais aimé avant : elle était celle qu'ils devaient aimer.

Mais ça, c'était avant. Avant qu'elle épouse un homme riche et s'en aille vivre sur les bord 'un lac italien.

Alors quand Monsieur est mort, elle a retrouvé son carnet de bal, par hasard.

Commence alors une quête, pour s'occuper d'abord et ensuite pour se retrouver, pour revivre sa jeunesse.

Christine va revoir chaque cavalier - encore vivant - dans sa nouvelle vie.

 

Il s'agit avant tout d'un film à sketch, comme on dit. Ce sont des histoires indépendantes les unes des autres dont le seul fil rouge est Christine, en quête de sa jeunesse perdue.

Une fois éliminés les cavaliers morts, elle va visiter tous ses hommes qui, à un moment où à un autre ont voulu tout quitter pour elle, qui étaient même prêts à mourir pour elle.

D'ailleurs, l'un d'eux s'est tué. Certainement pour elle. Par dépit, par regret. Le regret de ne pas avoir été capable de lui dire qu'il l'aimait, peut-être.

Dès la première histoire, Duvivier fait fort. Et Françoise Rosay y est pour beaucoup. Elle est extraordinaire. Elle campe une mère aimante, prête à tout pour son fils. Tellement qu'elle en vient à nier la mort d'icelui. Nous assistons à une crise de démence entrecoupée de brefs moments de lucidité. Non seulement Françoise Rosay joue une femme complètement folle, mais en plus, elle fait peur dans son délire. Formidable.

Puis les histoires s'enchaînent. Les moins malheureuses pour commencer, puis nous entrons dans une partie de plus en plus noire. C'est normal, c'est Duvivier, c'est un film français, c'est l'entre-deux-guerres.

Il y a pourtant une tentative comique, quand Raimu, maire d'un village varois, doit se marier à Milly Mathis. Nous retrouvons deux partenaire de la trilogie marseillaise de Pagnol. On se dit alors que Raimu va nous refaire son grand numéro de gueulard. Et c'est presque vrai. Mais bien entendu, ça ne se passe pas comme prévu, et l'aspect noir se manifeste, au moment le plus heureux : pendant le repas de noces.
Et que dire de l'épisode avec Pierre Blanchar, médecin plus ou moins radié, qui aide les femmes à effacer certaines traces (extrêmement criminel en 1937 !) ? Il vit dans un vieil appartement, avec une femme vieillissante (Sylvie, terrible elle aussi en vieille gloire décadente).D'autant plus que Duvivier choisit des angles de caméra penchés, accentuant l'état d'esprit du docteur, en proie à l'alcool, voire autre chose (il a fait les colonies et en a aussi ramené le paludisme). C'est certainement le moment le plus noir du film.

Alors quand arrive Fernandel et ses tours de cartes éculés, on a l'impression de revivre. Mais c'est à ce moment que Christine ne se sent plus bien. Son passé lui apparaît dans toute sa rudesse, dans sa triste réalité.

Finalement, c'est peut-être le moment le plus noir pour elle.

 

Mais il lui reste un espoir : le dernier cavalier.

 

Et nous sommes dans un film de Duvivier...

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