18 mai 1912 : le petit Quotidien titre que c’en est fini de Jules Bonnot (Bruno Crémer) et de sa bande après l’explosion du pavillon dans lequel il s’était retranché.
Tout commence au début des années 1910, quand Raymond Callemin dit « La Science » (Jacques Brel), avec ses acolytes Carouy (François Dyrek) et Soudy (Dominique Collignon-Maurin) – tous anarchistes notoires – décide de passer à l’acte et d’entrer dans l’illégalisme. Ils font alors la rencontre de Bonnot qui va les emmener vers le brand banditisme moderne et surtout une fin tragique.
Tourné alors que les célèbres Evénements de 1968 se déroulaient, on retrouve d’une certaine façon les idées libertaires de Bonnot et sa bande dans l’actualité du tournage, et surtout, un écho de la période. Attention toutefois, les manifestants de 68 n’ont pas vraiment de rapport avec la violence utilisée par Bonnot et ses complices.
Il faut dire aussi que le film de Philippe Fourastié, s’il semble dans l’air du temps n’est absolument pas un plaidoyer pour l’idéologie de Bakounine. La seule véritable discussion anarchiste à laquelle nous assistons se termine par la sécession de Raymond et ses amis. Fourastié se concentre beaucoup sur les différents coups montés par cette bande de criminels : la révolution dont parle Callemin ou l’anarchie de Bonnot n’ont que très peu de chose à voir avec les idées originales : ces messieurs ne sont rien d’autre que des assassins.
Et la première démonstration – l’attaque de la rue Ordener – nous prend à froid. Nous sommes habitués aux casses cinématographiques où on menace, on prend l’argent et on part, alors les coups de feu « gratuits » donnent le ton : malgré les justifications (fallacieuses) de Raymond), ce sont de terribles criminels.
Certes, Fourastié est servi par une belle distribution – Brel, Annie Girardot (Maria) et Crémer en tête – mais on peut tout de même trouver un goût de trop peu à cette épopée peu reluisante. Et pourtant, le premier casse possède un panache qu’on ne retrouvera qu’un peu lors du siège final. Quand Bonnot et ses complices fuient la rue Ordener en voiture (1), il y a du souffle épique de western, et on se réjouit. Mais ce souffle va être rapidement coupé et Fourastié va enchaîner les différents épisodes qui mènent à la fin tragique annoncée sans beaucoup de recul ni beaucoup de subtilité : ça tue, essentiellement.
On n’a aussi qu’une brève séquence qui suit l’arrestation de Callemin & consort : si Brel y est toujours aussi magnifique, on reste tout de même sur sa faim, et surtout, on arrive mal à identifier s’il s’agit d’un procès ou seulement d’un interrogatoire.
Est-ce l’actualité autour du tournage où la maladresse de Fourastié (2), mais j’ai tout de même l’impression que le film ne va pas bien loin dans le traitement de cette histoire. On aurait aimé un peu plus de profondeur dans ces personnages et surtout un peu plus de développement de certains points. Mais voilà, nous n’avons rien de tout ça et quand Bonnot meurt, on se dit que c’est un peu tôt, que là aussi, il manque quelque chose.
Dommage. Toujours est-il que Philippe Fourastié se rattrapera dans sa réalisation suivante, qui n’est pas sans rappeler ce film : Mandrin, une mini série sur le bandit de grand chemin du XVIIIème siècle. Il y prendra le temps d’exposer son histoire (6 fois 55 minutes), contribuant ainsi à sa qualité et à son succès. On y retrouvera d’ailleurs de nombreux interprètes de La Bande à Bonnot, dont Pierre Fabre (Mandrin) qui a cosigné ici le scénario et dirigé la deuxième équipe.
- Technique totalement novatrice pour l’époque qui obligera la police à se doter de voitures : à bicyclette on va beaucoup moins vite…
- Je n’y crois pas beaucoup.