Vous prenez une belle propriété avec un immense parc. Vous mettez dedans un auteur de polar à succès, Harlan Thrombey (Christopher Plummer). Autour de cet auteur, vous disposez une famille venue fêter son 85ème anniversaire. A ces invités, vous n’oubliez pas d’ajouter une infirmière à domicile qui s’occupe du traitement de l’auteur, Marta Cabrera (Ana de Armas).
Et bien sûr, quand la maison s’éveille le lendemain, vous retrouvez l’auteur baignant dans son sang, la gorge tranchée.
Qui a tué Thrombey ? Sa fille Linda (Jamie Lee Curtis) ou son autre Joni (Toni Collette) ? Son fils Walt (Michael Shannon) ? A moins que ce ne soit Ransom (Chris « Captain America » Evans), son petit-fils turbulent ? Et si c’était l’infirmière, en pratiquant accidentellement une overdose…
Benoît Blanc (Daniel Craig), détective privé, est venu aider la police à démêler cette situation un tantinet confuse.
Réjouissant.
Rian Johnson connaît ses classiques et signe ici un très beau whodunit (1), servi par une distribution prestigieuse et talentueuse. Bien sûr, on pense à Agatha Christie : le décor, la situation familiale et l’atmosphère feutrée de ces grandes demeures familiales sont là, et ce monsieur Blanc (2) a un côté Hercule Poirot prononcé, les moustaches et l’embonpoint en moins.
Mais voilà, nous ne sommes pas dans le Devon – loin de là – et Blanc n’est certainement pas belge. Par contre, il est aussi doué que son aîné européen, et tout aussi exaspérant pour ceux qui le côtoient, comme le confirme Ransom.
Johnson dit s’être inspiré des aventures du détective belge et on ne peut que le confirmer. Mais une centaine d’années s’est écoulée depuis les débuts de Poirot (3), et les techniques ont évolué. Par contre, on tue toujours pour la même raison : l’argent.
Et Johnson ressuscite le genre un peu tombé en désuétude au cinéma – pas à la télévision au vu des innombrables séries policières qu’on peut y contempler – avec ce qu’il faut d’humour pour faire passer cette intrigue sordide et brillante. Parce que non seulement Johnson a dirigé le film, mais il en a signé en outre le scénario (ce qu’il fait pour chacun de ses films) et participé à la production. Bref, il maîtrise le film de bout en bout pour notre plus grand plaisir.
Bref, un film brillant, dirigé de main de maître et soutenu par des prises de vue pertinentes, débarrassées des effets faciles du type « plan de la tranche de jambon », assurées par son chef-opérateur et complice Steve Yedlin (ils travaillent ensemble depuis les débuts de Johnson en 1997 !).
On annonce un deuxième opus des aventures de Benoît Blanc. Doit-on se réjouir ?
Réponse bientôt, mais peut-être pas dans vos salles obscures…
- « Qui a fait le coup ? »
- On prononce le C final dans la VO.
- La première aventure avec Hercule Poirot se situe pendant la Première Guerre Mondiale (The mysterious Affair at Styles, 1920).
- Contrechamp qui vient de l’intérieur du frigo.