Esther Blodgett (Janet Gaynor) est une jeune fille du Dakota qui a un rêve : devenir actrice. Mais dans une famille rurale, ça a du mal à passer. Heureusement, sa grand-mère (May « Annie » Robson) est là qui lui fournit les moyens (financiers) de commencer à réaliser son rêve.
Mais une fois à Hollywood, elle déchante : les jeunes filles comme elle sont innombrables. Jusqu’au jour où Danny McGuire (Andy Devine) lui trouve un extra en tant que serveuse pour la fête de fin d’un film : elle y rencontre la star masculine du moment – même s’il commence à décliner (alcool oblige) – Norman Maine (Fredric « Jekyll » March).
Il va lui permettre de pleinement réaliser ce rêve d’une vie : elle devient une star !
Il s’agit de l’œuvre originale – déjà retouchée quatre fois (dont une version Bollywood) – et cette histoire tragique est absolument phénoménale. Non seulement, il s’agit de l’une des plus belles mises en abyme du cinéma qui existe, mais aussi c’est un festival d’interprètes à la hauteur de l’événement. Outre le couple vedette, on peut y retrouver – voire apercevoir une kyrielle de grands noms : Adolphe Menjou (Oliver Niles, producteur), Lionel Stander (Libby), Guinn « Big Boy » Williams (que Gaynor retrouve), Francis Ford (un ivrogne…)…
Et Wellman, fort d’un sujet en or et d’une distribution prestigieuse, déroule pour notre plus grand plaisir. C’est magnifique, à tout point de vue.
L’intrigue est une très belle histoire d’amour entre une star montante et son pendant masculin déclinant, ce qui n’a pas échappé à Michel Hazanavicius. Un amour absolu entre deux personnes qui se sont trouvées mais, malheureusement se perdront irrémédiablement. Il faut dire que leur monde – Hollywood et l’industrie cinématographique en général – est impitoyable et qu’il suffit de peu de choses pour tomber dans la déchéance, voire l’oubli.
C’est une histoire on ne peut plus réaliste quand on se souvient de ce qu’il s’est passé dix ans plus tôt : la fin du muet et l’avènement du parlant. D’ailleurs, on retrouve cette idée chez Donen et Kelly qui restent dans la comédie, alors que Wellman, malgré quelques éléments comiques disséminés tout au long de son film, reste dans le drame.
Bien sûr, Maine est le seul responsable de sa déchéance, mais l’attitude- non dissimulée – de Libby est le véritable déclencheur de sa fin. Leur ultime rencontre est lourde de conséquences et marque la véritable fin de Maine : le scandale inévitable arrive et les spectateurs (involontaires) sont choqués quand ils comprennent de qui il s’agit.
Malgré l’aspect tragique de cette histoire d’amour, Wellman lui donne une dimension supérieure, faisant de Maine un personnage expiatoire voire christique.
En effet, il est le Rédempteur cher au cinéma américain. Il se sauve lui-même (1) puisqu’il met un terme – définitif – à ses problèmes, tout en permettant à celle qu’il aime de poursuivre son rêve. Bref, une fausse sad end (2)…
Bien évidemment, Gaynor & March sont encore une fois formidables. March est à nouveau un personnage tragique et marqué par le destin, donnant un Maine totalement dépassé par les événements et surtout le poids de sa notoriété (3). A ses côtés, non seulement Janet Gaynor est sensationnelle, mais en plus, il faut se rappeler qu’elle est la première actrice qui a reçu la statuette (4), huit ans plus tôt. Et lors de cette toute première cérémonie, c’est sa propre sœur qui, éméchée, a fait le spectacle !
Bref, Elle est ici en territoire connu.
Et on peut même imaginer aisément que le (tout) petit discours que prononce Esther n’est pas très éloigné de celui qu’elle a pu faire lors de sa récompense.
Alors précipitez-vous sur cette très belle version restaurée (image & son) de ce chef-d’œuvre qui, à force d’être repris, est devenu intemporel…
Et en plus, ils ne chantent pas !
- Ne voulant pas révéler toute l’intrigue, je pense tout de même que son acte n’est pas très bien vu des religieux…
- Le contraire de « happy end »…
- Le terme « has been » est d’ailleurs prononcé.
- C’est d’ailleurs la sienne qui est utilisée…