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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Drame, #Justice, #Henri Decoin
Abus de Confiance (Henri Decoin, 1937)

Ca commence par un enterrement. Ce n’est pas gai un enterrement. Surtout que celui est suivi par une seule personne. Une jeune femme tout de noir vêtue, Lydia (Danielle Darrieux). Lydia conduit à sa dernière demeure sa grand-mère, la seule famille qui lui restait. Déjà que la vie était difficile : étudiante en Droit, elle doit arrêter ses études et chercher du travail, la vie coûte cher. Et quel travail on lui propose : secrétaire… Particulière ! Tellement particulière que ce sont à chaque fois des salingues qui veulent l’embaucher.

Désespérée, sous les conseils (mal) avisés de son amie Alice (Yvette Lebon), elle se fait passer pour la fille (décédée) de maître Jacques Ferney (Charles Vanel), qu’il a eu (sans le savoir) avec une femme dans sa jeunesse. Cette femme étant morte depuis longtemps elle aussi, qui ira vérifier ?

 

Après une première partie qui nous expose la vie – miséreuse – de Lydia, Henri Decoin entre dans le vif du sujet avec cette usurpation d’identité qui constitue cet abus de confiance titulaire. Il est bien évident que l’existence de Lydia n’est pas reluisante, et d’une manière générale, le sort des femmes encore moins. Pare que, si elles n’apparaissent que dans la distribution, les femmes sont l’élément essentiel du film : à travers Lydia bien sûr, mais aussi celles qu’elle rencontre dans sa quête désespérée pour un travail, sa logeuse, sans oublier la femme de Ferney, Hélène (Valentine Tessier).

Bien sûr, les hommes sont présents mais dans des rôles pas toujours à leur avantage : un entretien d’embauche d’où sort une femme qui doit réajuster sa tenue ; un logeur (Lucien Dayle) qui veut bien faire crédit pourvu qu’on soit « gentil » avec lui ; ou encore un camarade de classe (Gilbert Gil) qui veut conclure la soirée à l’hôtel (1).

Seuls Ferney et son secrétaire (Pierre Mingand) sont épargnés par cette dénonciation des turpitudes masculines considérées alors comme normales : aucune femme ne va se plaindre en police de ce qu’il faut appeler harcèlement.

 

Mais ce sont les femmes qui font avancer l’intrigue – un tantinet criminelle – et amènent une résolution presque morale :

  • La logeuse (Thérèse Dorny), qui amène la suspicion chez la femme de Ferney ;
  • Alice, qui confirme les soupçons ;
  • Hélène qui oriente l’intrigue une fois que Lydia s’est installée chez eux ;
  • Lydia par sa plaidoirie (sa première en tant qu’avocate) qui concerne une jeune fille (Svetlana Pitoëff) qui s’est fait passer pour ce qu’elle n’était pas…

 

Bien sûr, le dernier mot revient à Hélène qui conclut le film en demi-teinte, eu égard à la morale de des années 1930. (ATTENTION : révélation de la résolution de l’intrigue !)

Lydia ne sera pas dénoncée par Hélène, grâce à cette même plaidoirie qui ne peut que convaincre tant ce qu’elle plaide ressemble à ce qu’elle a pu vivre avant son propre « abus de confiance ».

 

Au final, un film comme on en faisait beaucoup dans cette période tourmentée de l’Entre-deux-guerres, véritable âge d’or du cinéma réaliste français : une histoire crédible, servie par une interprétation à la hauteur (2). Et puis Danielle Darrieux (3) est superbe.

Alors savourons.

 

  1. « Chambre à la journée, à l’heure »
  2. Seul bémol : le rôle un peu effacé de Charles Vanel, capable de beaucoup mieux quand il est plus utilisé.
  3. Madame Decoin à la ville.
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