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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Noir, #Alan Parker, #Robert de Niro
Angel Heart (Alan Parker, 1987)

Harry Angel (Mickey Rourke) est un privé de deuxième (voire plus) zone, engagé par le mystérieux et inquiétant Louis Cyphre (Robert de Niro) pour retrouver une ancienne gloire de la chanson, Johnny Favorite.

Cette enquête va l’emmener de Brooklyn – là où il est né – à la Nouvelle Orléans, en passant par Coney Island, à la recherche d’un fantôme, alors que tous ceux qui ont connu le crooner sont systématiquement éliminés, amenant la police à suspecter de plus en plus Angel.

 

Trois ans après le très beau Birdy, Alan Parker revient avec un film radicalement différent.

Alors qu’une grande part de son film précédent était laissée au rêve (celui de Birdy, justement), ici, nulle place. Le film est brutal et sans espoir, lourd et oppressant comme le ciel d'un orage qui s’annonce. D’ailleurs, on n’y échappe pas, l’orage éclate, tout comme la vérité, à la fin. C’est d’ailleurs quand cet orage éclate que la résolution de l’intrigue commence, amenant une révélation terrible qui prend de court Angel tout comme le spectateur.

 

Encore que.

Angel Heart fait partie de ces films qu’il ne suffit pas de voir. En effet, une vision multiple est à chaque fois un nouveau plaisir pour le spectateur, révélant certains détails qu’on ne peut pas remarquer du premier coup. Bien sûr, le jeu des acteurs – Mickey Rourke et surtout Robert de Niro – est d’un très haut niveau, mais c’est dans l’ambiance et les détails que se crée la force du film.

Ce sont des leitmotive persistants, des éléments de décor qui se répètent, comme les différentes pièces d’un puzzle qu’on essaie d’imbriquer régulièrement à différents endroits jusqu’à ce qu’il rentre dans le décor final, l’intrigue elle-même. Et c’est bien sûr une fois que tout a été mis en place que la vérité se révèle, ramenant le spectateur à tout ce qu’il a pu voir pendant les 113 minutes que dure le film.

 

Une séquence revient régulièrement, mettant en scène une grille d’ascenseur, dans l’église où commence l’histoire, avec certaines variantes empruntées à la réalité vécue par Angel, par lequel nous l’appréhendons.

Parker joue sur la confusion entre le rêve (1) et la réalité, amenant parfois une dimension surréaliste de bon aloi : les deux jeunes novices dans l’église vide avec la porte qui s’ouvre seule…

Ce sont aussi les pales des systèmes de ventilation qui tournent inlassablement, de Time Square à New Orleans, n’arrivant même pas à chasser l’air vicié qui baigne le film, témoins muets de scènes terribles qui nous seront – heureusement – révélées au final.

Bien sûr le sang coule inlassablement : de la blessure d’Angel après sa rencontre avec Toots Sweet (Brownie McGee) qui nous interprète en prime un superbe blues (2).

Et puis il y a les miroirs, qui s’invitent dans chaque lieu, réfléchissant la réalité ou le rêve, amenant toujours de nouvelles images qui préparent aux chocs finaux : la révélation bien sûr, mais aussi le coup de poing d’Angel contre l’un d’eux, tant ce qu’il y voit lui devient de plus en plus insupportable.

 

Et si le film commence dans une église, cela n’est pas dû au hasard : la religion jouant un rôle important tout au long du scénario, comme élément de décor et de mode de vie des personnages. La Nouvelle Orléans devient alors le centre religieux du film, où se côtoient les baptistes (un baptême a lieu), les catholiques (Angel rencontre Cyphre dans une église) et les adeptes du vaudou (une cérémonie a lieu où participent Epiphany (Lisa Bonet), la fille de Johnny Favorite.

Et au milieu de cet univers ô combien mystique, on retrouve Angel, athée des plus convaincus : normal, il est né à Brooklyn !

 

Angel Heart est très certainement l’un des meilleurs films d’Alan Parker, confirmant son talent certain de metteur en scène, possédant différents niveaux de lecture qui le bonifient à chaque nouveau visionnage.

De Niro y est fantastique (dans tous les sens du terme), et Mickey Rourke à son apogée de « jeune » premier de cinéma, possédant ce charme irrésistible qui faisait (presque) se pâmer mes amies lycéennes à l’époque (3).

 

PS : Je suppose qu’il n’y a pas que moi qui ai remarqué le clin d’œil à la photo V-J Day in Time Square (Alfred Eisenstaedt, 14-8-1945) qui voit un marin embrasser une infirmière…

 

 

  1. Tiens, si, il y a du rêve. Mais on est loin  de l’onirisme attendu…
  2. Qui s’intitule Rainy rainy Day (« pluvieux jour de pluie »), comme quoi rien n’est laissé au hasard…
  3. Je ne donnerai pas de noms, elles se reconnaîtront.
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