Quand une intrigue fonctionne à Hollywood (et aussi ailleurs…), on la décline sous toutes ses formes, usant la trame jusqu’à la corde, cela va de soi. C’est donc le cas pour cette Annabelle, poupée maléfique, qui entre dans la vie de Mia (Annabelle Wallis) et John (Ward Horton), un beau jour de 1967.
Mia est enceinte et John lui offre une poupée de porcelaine pour compléter sa collection, cadeau de premier enfant. Bien évidemment, Mia est comblée et cette poupée prend immédiatement une place privilégiée dans la collection.
A partir de ce jour, des choses étranges vont se produire, toujours plus terribles les unes des autres…
D’abord, il y avait Conjuring : Les Dossiers Warren (2013), qui relatait l’histoire des époux Warren, chasseurs de démons. Mais ne l’ayant vu, je passe. Annabelle est donc une poupée que ces deux personnes ont enfermée dans une prison de verre, prison n’étant pas un terme usurpé tant elle présente une dose maléfique. C’est une histoire de cette poupée que John R. Leonetti avec l’aide de Gary Dauberman au scénario, a choisi de nous présenter.
Et progressivement, ils vont créer l’atmosphère nécessaire de ce thriller, soutenu par une musique originale de Joseph Bishara, qui tranche avec son absence : Leonetti fait alterner comme il se doit les moments sans musique afin d’augmenter le suspense indispensable à ce genre de film.
Nous sommes ici essentiellement dans l’épouvante, une sorte de super thriller, où la présence d’un être inanimé va concentrer toute l’attention du spectateur, l’absence normale d’émotion sur le visage figé de la poupée la rendant d’autant plus effrayante qu’elle est souvent cadrée en gros plan, avec parfois une goutte de sang (comme sur l’affiche originale).
Et cette menace représentée par cette poupée va grandissante, à mesure que le film avance, amenant inévitablement le frisson (en anglais, « thrill ») attendu.
Mais, et c’est très certainement le véritable intérêt du film, cette poupée est immobile. Ce n’est pas Chucky qui, en plus d’un visage disgracieux, se meut dans son univers : Annabelle est toujours figée. Par contre, on a beau essayer de s’en débarrasser ou la changer d’endroit, elle revient toujours et se déplace à sa guise quand on a le dos tourné.
Bien entendu, on est obligé de songer au Rosemary’s Baby de Polanski, surtout que les actualités télévisées parlent de la Famille Manson qui va assassiner la femme de ce dernier, Sharon Tate, alors qu’elle était enceinte, comme Mia. Bref, la référence est posée dès le début. Mais si le bébé de Rosemary est l’enfant du Diable, la petite Leah qui va naître n’en a aucun attribut. Par contre, elle va devenir, malgré elle, évidemment, l’enjeu de ce démon bien singulier. Parce que le doute n’est pas possible : la poupée est démoniaque.
Bien entendu la comparaison avec le film de Polanski s’arrête là, Leonetti se contentant de faire le job : l’atmosphère est là, les frissons aussi.
C’est tout ce que demandent les habitués du genre, et ils ne sont pas déçus.