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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Comédie, #Frank Capra
Arsenic et vieilles Dentelles (Arsenic and old Lace - Frank Capra, 1944)

« Des cadavres dans la cave ».

Tel était le titre de travail de Joseph Kesselring avant qu’il n’en change : ces deux éléments appartenant aux deux vieilles dames qui ont accumulé ces mêmes cadavres : Martha (Jean Adair) et Abigail « Abby » (Josephine Hull) Brewster.

Ce sont deux vieilles dames très dignes, très appréciés dans leur quartier pour leur gentillesse et leur humanité : cette même humanité qui, poussée à l’extrême les porte à empoisonner leurs contemporains afin de soulager (définitivement) leurs souffrances.

Et bien sûr, si leur neveu Mortimer (Cary Grant) n’avait pas ouvert le coffre sous la fenêtre, il n’aurait pas découvert Mr Hoskins, déclenchant cette comédie débridée de haute volée.

 

Avec cette comédie, Frank Capra s’impose encore plus comme l’un des plus grands cinéastes comiques de Hollywood, réussissant à filmer une pièce de théâtre comme peu ont pu le réussir : certes, le huis clos et l’unité de lieu sont respectés, mais Capra saupoudre ses plans de quelques extérieurs qui aèrent l’intrigue, amenant une sous-intrigue avec le chauffeur de taxi (Garry Owen) qui, lui aussi, a tendance à devenir aussi fou que son client.

Il faut dire qu’il a à sa disposition une distribution hors pair dont les deux tantes et leur frère Teddy (John Alexander) qui sont interprétés par celles et ceux qui ont créé la pièce en 1941 (1).

Et malgré les difficultés dues à Cary Grant – il n’aimait pas ce film, se trouvant un peu trop excessif – Capra déroule pour notre plus grand plaisir.

 

L’intrigue bien sûr, est le premier élément comique : comment imaginer deux aussi charmantes petites vieilles assassiner aussi froidement leurs victimes, même pour des raisons « humanitaires » ?

La présence de Cary Grant est le deuxième atout : son jeu et surtout son visage sont des ressorts comiques que Capra use avec beaucoup de bonheur, donnant à cette comédie des éléments qu’on a plus l’habitude de trouver dans le cinéma muet : Grant a la tête de l’emploi. Il allie une allure très british et donc un tantinet réservée à la frénésie comique de Capra pour notre plus grand bonheur.

Il surjoue certes, mais pour les besoins de l’intrigue qui veut que plus c’est gros et plus ça passe.

 

En face de Mortimer/Grant, on trouve un duo improbable mais irrésistible : Raymond Massey (Jonathan Brewster), et Peter Lorre (Dr. Einstein). D’un côté un criminel de haut vol mâtiné d’un psychotique extrêmement dangereux et de l’autre un docteur minable, alcoolique et influençable (surtout sous l’effet de l’alcool). Le patronyme célèbre de ce dernier n’a d’égal que son état physique lamentable : si Jonathan a un visage qui ressemble à celui de Boris Karloff dans Frankenstein n’est en aucun cas (et à double titre) un hasard : Einstein reconnaît d’ailleurs l’influence du film de Whale dans son travail.

Mais si c’est à double titre, c’est aussi parce que celui qui a créé le rôle de Jonathan : le frère psychopathe de Mortimer, n’est autre que l’acteur transformiste célèbre ! Les différentes références au grand Boris prennent alors tout leur sel dans cette comédie dans laquelle il ne put malheureusement pas participer (2).

 

Vous l’avez donc compris – si vous n’avez pas encore vu le film (3) – c’est un sommet du théâtre filmé qui nous est ici proposé : sommet par l’intrigue et les interprètes mais surtout parce que Capra arrive à nous faire oublier qu’il s’agit ici d’une pièce de théâtre, tant sa science de la caméra nous propose ce que le théâtre ne peut pas : mettre l’accent sur les éléments les plus importants, jouant sur les éclairages mêlant une soirée d’automne et l’actualité – halloween et ses connotations surnaturelles – pour donner en prime une parodie de film d’épouvante où l’énormité criminelle devient alors le principal élément comique, celui autour duquel se bâtit le film pour notre plus grande joie.

 

  1. A ce propos : le film fut tourné en 1941, soit la même année que la production de la pièce au Fulton Theater (Lancaster, Pa.). La Warner s’entendit alors avec les producteurs de la pièce pour ne pas sortir le film avant la fin des représentations.
  2. Si Jean Adair, Jopsephine Hull et John Alexander eurent la permission de s’absenter pendant le tournage pour Capra, il n’en fut pas de même pour Boris Karloff que la production refusa de prêter à Capra : qui mieux que Boris Karloff peut interpréter un personnage qui ressemble à Boris Karloff ?
  3. N’attendez plus : voyez-le !!!
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