Wendell Ambruster Jr. (Jack Lemmon) part pour l’Italie : son père vient de mourir dans un accident de voiture.
Arrivé sur place, il se rend compte que son père n’était pas seul quand il est mort : il partageait la voiture avec Katherine Piggott. D’ailleurs, sa fille Pamela (Juliet Mills) est venue elle aussi pour récupérer le cadavre de sa maman.
C’est la révélation pour Wendell Jr. : son père avait une relation avec une autre femme, lui qui était un pilier de l’église baptiste de sa contrée !
Et il semble que l’histoire se répète…
A l’origine, c’est une pièce de théâtre de Samuel A. Taylor. Mais avec Billy Wilder, vous pouvez être sûr que nous sommes au cinéma !
Et Wilder sort facilement du cadre figé théâtral pour emmener ses interprètes dans l’île d’Ischia, surtout l’îlot rocheux à quelques brasses de l’hôtel : au petit matin alors que tout le monde dort, on assiste avec beaucoup de plaisir au lever du soleil quand on y est allongé nu…
Vous l’avez compris, les deux cadavres sont un prétexte à la rencontre de deux êtres fort différents, tout comme leurs parents, mais qui vont vivre une histoire d’amour forte.
Et Wilder a fait appel à son vieux complice Jack Lemmon (4 films ensemble avant celui-ci et deux autres ensuite) pour interpréter cet homme d’affaires qui va de déconvenue en déconvenue à propos de son père mais va finalement se ranger à son avis !
A ses côtés, Juliet Mills est une pétillante Pamela, aussi à l’aise habillée que nue : et pourtant son personnage est une anglaise comme il faut (1).Son enthousiasme rythme avec bonheur cette comédie un tantinet immorale.
Dernier protagoniste, et non des moindres, de cette comédie : Carlo Carlucci (Clive Revill), le patron de l’hôtel qui abrite ces aventures extraconjugales. Carlucci n’est pas l’homme de la situation mais bel et bien l’homme des situations, couvrant avec beaucoup d’à propos cette histoire d’amour bien singulière, facilitant le rapprochement des deux êtres malgré eux. Indispensable.
Mais surtout, Wilder nous montre son grand talent pour la comédie, démarrant son film par une séquence muette (4 minutes) faite en plus de non-dit qui nous donne le ton. On retrouvera ce parti pris non sonore quand la belle Pamela se promènera dans Ischia, ou encore à la morgue avec l’employé du service et ses formalités administratives (Pippo Franco).
Et à nouveau, Wilder nous amuse avec une histoire d’infidélité. Mais le temps a passé depuis 7 Year Itch ou Kiss me, Stupid et le public n’est plus choqué par cette histoire extra maritale (1).
Et encore une fois, Jack Lemmon est formidable et cette histoire d’amour insolite qui amène immanquablement (au moins) le sourire au spectateur.
Avec en prime un petit clin d’œil au passé (moins glorieux) italien quand J.J. Blodgett (Edward Andrews) vient démêler la situation et précipiter la séparation des deux amants. Et là encore, on ne peut rester indifférent face à ce fonctionnaire zélé (et nostalgique)…
Certes, Billy Wilder est à la fin de sa carrière (il tournera encore trois films), mais il maîtrise toujours son sujet, dirigeant avec toujours le même talent ses différents interprètes et amenant une certaine sobriété dans une intrigue qui aurait pu facilement être emportée dans un rythme endiablé avec des acteur·rice·s surjouant frénétiquement.
Il n’en est rien. Tant mieux !
(1) 1968 est passé par là, même en Angleterre !