Un pari.
Un pari et une vie bascule.
La vie de Bardelys, celui qu’on appelle Le Magnifique.
Bardelys est beau (« [il] ne séduit pas, [il] envoûte »).
Bardelys est fort.
Bardelys est un homme d’honneur.
Bardelys, c’est John Gilbert. On pourrait même dire que John Gilbert est Bardelys, tellement le rôle lui sied.
Avec ce film, King Vidor retrouve son grand ami Gilbert (après La grande Parade) pour un grand spectacle de cape et d’épées, prouvant qu’il n’existait pas que Douglas Fairbanks dans ce genre de rôle.
En effet, quand Bardelys-Gilbert essaie de sauver sa vie, c’est un festival d’acrobaties et de cabriole que n’aurait pas renié le grand Douglas. Avec en plus des plans à couper le souffle des spectateurs : une caméra, juchée en haut du rideau qui se balance et transporte Bardelys d’un bout à l’autre de la place est tout bonnement formidable.
La photographie joue d’ailleurs un rôle majeur tout au long du film. Dès a première séquence, nous assistons à un panoramique décrivant la propagation d’un sujet de cours, d’une personne à l’autre. Et- de quoi parlent-ils ? De Bardelys, bien entendu.
Il faut dire que sa réputation de magnifique n’est pas usurpée. Son prestige ne s’arrête pas à son physique. Il possède de grandes qualités humaines qui lui permettent même de tenir tête au roi Louis XIII (Arthur Lubin). Et il faut le voir assumer son destin et se diriger vers l’échafaud pour comprendre à quel point c’est un grand homme.
Mais, comme toujours dans ce genre de film, on trouve son négatif. Il s’agit ici de Châtellerault (Roy D’Arcy). D’Arcy, spécialiste dans ce genre de rôle, est merveilleux. Il est fourbe à souhait, et surtout un autre séducteur, moins chanceux. C’est de lui que vient le pari qui chamboule tout : Bardelys doit épouser Melle de Levedan (la belle Eleanor Boardman) sous peine de perdre tous ses biens. Ignoble, non ?
Mais heureusement (pour nous) nous sommes dans une comédie et il ne peut pas y arriver. Toutefois, cet être fourbe saura, le moment venu, faire preuve d’un minimum d’honneur.
Quoi qu’il en soit, son duel (final) avec Bardelys est magnifique. Châtellerault – méchant identifié et patenté – n’a aucun scrupule dans cet affrontement : il utilise chaque élément e décor contre son adversaire, alors que Bardelys – toujours aussi magnifique – lui permet de reprendre son épée quand elle tombe, montrant (s’il était vraiment besoin de le souligner) sa grandeur.
Ce film situé entre La Bohême et La Foule, est une bouffée d’air frais entre deux sujets plutôt grave. On s’amuse beaucoup des aventures de Bardelys, et des quelques personnages comiques qu’on y rencontre (indispensables dans ce genre-là) : que ce soit Saint-Eustache (George K. Arthur) ou Lafosse (John T. Murray), on n’est pas déçu.
Et puis il y a Eleanor Boardman (madame Vidor à la ville), tout en subtilité, et qui ne succombe pas tout de suite au charme de Bardelys (après avoir éconduit Châtellerault). Un beau personnage pour une belle actrice. La scène d’amour lord de la promenade en barque est magnifique, utilisant avec justesse les branches de saule qui pendent. Superbe.
Et puis, en regardant (très) bien, on peut apercevoir un jeune débutant : Marion Morrison, plus connu sous le nom de John Wayne…
Hélas, il manque quelques séquences...