Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #William Wyler, #Peplum
Ben Hur (William Wyler, 1959)

Une vue en contreplongée de la Croix, sur un ciel noir, un éclair illuminant la scène.

Voici une image qui hante le jeune spectateur que je fus lors de la découverte de ce film au cinéma, sur écran adéquat (format 65mm).

Depuis, j'ai vu celui de Fred Niblo.

 

Ici aussi, l'intrigue est la même : pendant l'entrée des troupes romaines, une tuile tombe du toit des Hur et blesse (presque) le gouverneur. S'ensuit les arrestations et la condamnation aux galères pour Judah Ben Hur (Charlton Heston), prélude à une série d'épisodes mouvementés qui l'amèneront à Rome et lui permettront d'assister à la mort de Jésus.

 

Il n'empêche que cette nouvelle adaptation est impressionnante. Le sous-titre « une histoire du Christ » est reléguée au deuxième plan du générique, tout comme cette même histoire, qui ne prend de l'ampleur qu'une fois la course de char achevée. En effet, on rattrape le temps perdu : on a coup sur coup le Sermon sur la Montagne  (Matthieu 5, 1-16) rapporté par Esther (Haya Harareet) ; le Jugement de Jésus et Pilate qui s'en lave les mains (toujours Matthieu 27, 24) ; le Chemin de Croix ; la Crucifixion.

Et Ben Hur, dans tout ça ? Ben Hur est un témoin de cette époque, rempli de haine contre les Romains mais qui va rencontrer Jésus deux fois, et à chaque fois, cela lui fera un sacré effet.

 

Mais Ben Hur, c'est avant tout le film des solitudes. Solitude de Jésus sur la croix, solitude de Judah Ben Hur dans sa maison après son retour ; solitude de Messalah (Stephen Boyd) une fois Ben Hur emmené.

Tous sont seuls. Ils se croisent, mais finalement font très peu de chemin ensemble.

- Ben Hur est seul de par son arrestation et sa condamnation  aux galères. Mais une fois revenu à Jérusalem, et malgré l'amour d'Esther, il agit seul, au point que cette dernière ne reconnaît plus en lui le Judah qu'elle a aimé.

- Messalah, une fois battu à la course est seul, sur le sable de l'arène. Lui qui était très lié à Judah se retrouve seul du fait de sa nouvelle fonction romaine. Sa façon de raconter ses exploits à la famille Hur l'isole des autres, et il s'en rend compte.

- Esther, une fois Judah parti, ne se marie pas. Elle reste célibataire (« single », disent les Anglais). Il n'y a personne dans sa vie, à part son père invalide. Quand Judah revient après toutes ces années, elle pense le retrouver, mais c'est peine perdue (voir plus haut).

- Quintus Arrius (Jack Hawkins) n'a plus de famille. Quand Ben Hur entre dans sa vie, il se sent revivre, Judah devenant le fils qu'il avait perdu. Mais là encore, c'est la déception. Ben Hur retourne en Palestine, et lui fait même remettre le sceau familial qu'il lui avait légué.

- Balthasar (Finlay Currie, acteur incontournable de péplum) poursuit son chemin - le chemin d'une vie - à la recherche de Jésus, qu'il avait aperçu à sa naissance, et qu'il retrouvera sur la Croix. Il a passé sa vie seul à la recherche du Messie, s'attachant à l'un ou à l'autre, en fonction des circonstances.

- Miriam et Tirzah, oubliées pendant près de cinq ans dans un cul de basse-fosse, et qui en sortent pour être isolées avec les lépreux.

Mais ces solitudes se terminent avec la mort du Nazaréen. Alors que le ciel s'obscurcit, que Jésus meurt (le fameux plan en contreplongée), un orage éclate, suivi d'une pluie diluvienne.

C'est cette pluie qui change tout. Elle enlève la laideur et la corruption - le souhait de Judah - et amène ainsi un autre monde : la fin de la solitude. Les protagonistes qui ont vu Jésus savent qu'ils ne sont plus seuls. C'est le début de la religion chrétienne qui s'installe.

La famille Hur se retrouve et s'agrandit, l'espoir est enfin permis.

 

Pour le reste, c'est du péplum sérieux, avec de belles scènes d'anthologie (combat naval, course de char), et une ambigüité légère dans les rapports masculins. On sait que Messalah et Ben Hur étaient très liés. Et Stephen Boyd joue de cette ambigüité quand il retrouve son ami après plusieurs années. Mais on peut se poser des questions sur les rapports entre Arrius et Ben Hur. D'où vient cette fascination pour ce galérien ? Pourquoi l'avoir choisi ?

 

Malgré tout, je préfère la version Niblo de 1925.

Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog