Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Western, #Anthony Mann
Les Affameurs (Bend of the River - Anthony Mann, 1952)

C’est une caravane qui arrive à Portland, guidée par Glyn McLyntock (James Stewart). En chemin, Glyn a sauvé Emerson Cole (Arthur Kennedy) qui allait être pendu pour un vol de chevaux.

Ils se séparent à Portland, Glyn poursuivant son voyage pendant que Cole reste à Portland.

Mais alors que l’automne est arrivé, les vivres promis de Portland n’arrivent pas. Glyn décide d’aller voir ce qu’il se passe : la fièvre de l’or a bouleversé la ville et les marchandises sont restées à quai.

Et les gens de Portland n’ont pas l’intention de les laisser partir avec.

 

Nous sommes en plein âge d’or du western et Anthony Mann nous propose ici une grande fresque – malgré la durée relativement courte du film (1) – illustrant le thème mis à l’honneur par James Cruze dans son magnifique The covered Wagon. Mais alors que Cruze mettait beaucoup en avance les colons, ici c’est Glyn le guide qui nous intéresse. On comprend tous les aspects de son travail et surtout ce pourquoi il a été engagé : protéger ces voyageurs dont la plupart ne sait pas se servir d’une arme (2).

Et la rencontre avec Cole est déterminante pour la suite : ce dernier connaît Glyn de réputation, la même que la sienne.

 

En  effet, Cole et Glyn sont d’anciens desperados qui ont sévi dans le Missouri et le Kansas.

Mais alors que Glyn s’est amendé (3), Cole lorgne toujours vers son ancien emploi où  il était facile de se faire beaucoup d’argent, si on sait se servir d’un pistolet.

La relation duelle entre Glyn et Cole est le nœud de l’intrigue et un véritable combat entre le Bien (Glyn, bien sûr) et le Mal (4). Mais pas seulement : d’une certaine manière, Cole et Glyn sont les deux faces d’une même personne : Glyn lui-même.

 

S’il n’y avait le nombre impressionnant de morts par balles, on pourrait presque se demander si Cole existe réellement : la lutte entre les deux hommes ressemble beaucoup à un combat intérieur entre deux forces contraires d’une même personne.

Cette dualité rappelle sur certains points la paire Jekyll & Hyde tant ces deux hommes qui à un moment étaient semblables sont devenus très différents.

En effet, alors que Glyn est en quête d’une vie normale et respectable, Cole a toujours les mêmes manières de soudard qu’a pu avoir Glyn autrefois.

 

L’un des révélateurs est bien sûr la femme – Laura (la belle Julie Adams qui nous a quittés en février dernier) – dont les deux hommes sont amoureux. Avant toute chose, Cole a la délicatesse de demander à Glyn s’il est avec elle. Et comme la voie est libre, il va la séduire, allant même jusqu’à proposer de l’épouser… Plus tard !

C’est certainement ce qu’aurait fait Glyn avant, mais comme il a changé, il n’ose plus, de peur de décevoir. Mais aussi parce que son passé terrible a tendance à le rattraper : Cole sait qui il est et a tendance lui rappeler que les fermiers qu’il convoie ne seraient pas obligatoirement heureux de découvrir ses frasques.

Mal à l’aise par rapport à ça, on retrouve le James Stewart de chez Capra 15 ans plus tôt, un tantinet mal à l’aise avec les jeunes femmes.

 

Là encore, nous assisterons à une résolution – attendue certes, mais la morale l’exigeait – qui va se faire dans la douleur. On pourrait presque parler – avec Hugo – d’une « tempête sous un crâne » tant l’affrontement physique entre Cole et Glyn est violent.

Sin on se place du côté de l’intrigue, nous avons la lutte entre le bon et le méchant avec le méchant qui est défait et le bon qui s’en va vers un avenir heureux. Mais si on repense au combat intérieur, la résolution n’en devient que plus passionnante.

En effet, la lutte se termine dans la rivière avec la disparition du corps de Cole qui coule – alourdi par ses péchés ? – alors que ses nouveaux amis le sortent de l’eau et le ramène vers eux. La métaphore est explicite : Glyn s’est débarrassé de son côté sombre et a été sauvé grâce à sa nouvelle vie et ses choix réformateurs.

 

Si c’est pas de la rédemption, çà !

 

 

PS : La présence d’un vieux marin d’eau douce le capitaine Mello (Chubby Johnson) et de son ami et complice Red (Jack Lambert) n’est pas sans rappeler le duo Ned & Sam qui manœuvre le Daisy Bell dans En remontant le Mississipi (Morris & Goscinny, 1959). Surtout que Mello ne cesse de répéter qu’il n’aurait jamais dû quitter ce fleuve…

 

PPS : par contre, le spectateur de 1952 n’a pas l’air d’être dérangé qu’on tue aussi facilement des Indiens (5 en tout)…

 

  1. 91 minutes.
  2. Pour tuer quelqu’un.
  3. D’une façon radicale comme on l’apprend à la fin…
  4. Toujours ce manichéisme indispensable (pour l’époque).
Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog