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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Biopic, #Prison, #John Frankenheimer
Le Prisonnier d'Alcatraz (Birdman from Alcatraz - John Frankenheimer, 1962)

Robert Stroud (Burt Lancaster) est à Alcatraz : il a tué un homme quand il était jeune, puis un gardien, quand il était à la prison de Leavenworth (Texas).

Nous sommes en 1959, et Stroud quitte cet enfer californien pour sa dernière demeure, une autre prison. A sa mort (en 1963), il aura passé cinquante-quatre ans derrière les barreaux dont quarante-deux à l’isolement !

Mais s’il est célèbre, c’est aussi parce qu’à Leavenworth, il a élevé des oiseaux – surtout des canaris – qu’il revendait, tout en devenant un grand spécialiste en ornithologie.

C’est cette vie d’oiseleur (d’où le titre original) qui est développée dans le film.

 

Qu’on ne s’y trompe pas : si le personnage du film est un homme bon, ce n’était pas obligatoirement le cas du véritable Robert Stroud qui fut diagnostiqué comme psychopathe. Et le début du film nous montre – un peu – la véritable nature de ce prisonnier : violent et surtout isolé des autres (sinon, il y avait bagarre).

Bien sûr, c’est avant tout la performance de Burt Lancaster qui retient l’attention : malgré le handicap (moral) du personnage, il réussit à nous le faire trouver sympathique, le « méchant » devenant le directeur de la prison, Harvey Shoemaker (Karl Malden).

L’opposition entre les deux hommes est l’autre intérêt du film : Stroud ne se laisse pas faire, appelant même ce haut personnage par son prénom, ce qui est totalement nouveau par rapport films précédents en univers carcéral.

Cette opposition est d’autant plus forte que les deux hommes vont se côtoyer dans les deux prisons, avec toujours le même sentiment.

 

Et ça fonctionne : Frankenheimer réussit tellement bien que l’opinion public va s’intéresser à cette histoire au point de faire circuler une pétition pour sa libération qui atteindra 50 000 signatures !

Mais Robert Stroud ne sortira pas, ne lira jamais le livre de Tom Gaddis (Edmond O’Brien) ni verra le film qui lui sont consacrés. De même, la poignée de mains échangée entre l’auteur et le prisonnier lors de son transfert est plus que symbolique, puisqu’elle n’a pas eu lieu !

 

Mais le plus important, c’est cette nouvelle représentation de l’univers carcéral qui nous est ici proposé. Si la violence est l’élément commun avec les autres films, elle n’est pas montrée de la même façon, devenant presque accessoire par rapport à l’humanité retrouvée de Stroud. Peu de violence physique (après la mort du gardien, on n’en voit plus), et pas de sadisme chez les gardiens comme c’est souvent le cas. Au contraire, Stroud, en s’humanisant, développe une relation amicale avec son geôlier de Leavenworth (Neville Brand), surtout après les reproches – justifiés – qu’il lui fait.

 

Et encore une fois, c’est aussi grâce au reste de la distribution. Karl Malden, bien que moins présent, est au même niveau que Lancaster qui signe ici l’une de ses plus belles prestations. On notera aussi les performances des autres interprètes, celle d’un « encore » débutant de 40 ans : Telly Savalas (Feto Gomez), qui a encore des cheveux !

Et encore une fois, Thelma « Birdie » Ritter est formidable dans le rôle de cette mère qui va jusqu’en haut des institutions pour sauver son fils, avant de se retourner contre lui et refuser qu’il sorte.

 

Bref, c’est un film magnifique que signe ici Frankenheimer, son deuxième (sur cinq) avec Lancaster, où, même si la vérité historique n’est pas respectée, il nous montre une autre facette de la prison, qui devient alors aussi un lieu d’humanité.

Comme toujours, au cinéma, tout est possible !

Robert Stroud (1890-1963)

Robert Stroud (1890-1963)

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