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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Drame, #Musique, #Dudley Murphy
Black and Tan (Dudley Murphy, 1929)

 

 

 

 

Harlem, 1927 (?)

Edward Kennedy Ellington, qu’on appelle déjà « Duke », vivote dans un (tout) petit appartement, composant sans relâche. Sa dernière œuvre : Black & tan Fantasy (1). Mais à quoi bon composer, s’il n’y a pas de travail. Heureusement, sa bonne amie Fredi (Washington) va retourner sur scène et elle lui a décroché un contrat au prestigieux Cotton Club.

Malheureusement, si elle s’était arrêtée, c’était pour des problèmes cardiaques. Et son retour est fatal : elle fait une dernière crise et mourra dans son lit, entourée du Duke, de certains de ses musiciens et d’autres chanteurs, reprenant le morceau qui donne son titre au court-métrage…

 

Si ce film est resté – fort justement – dans les annales, c’est pour deux choses : la première parce qu’on y voit ce qu’on appellerait aujourd’hui un « clip vidéo » avec une véritable intrigue, et surtout parce que c’est la première apparition du Duke au cinéma !

Et nous pouvons le voir dès l’ouverture, derrière son piano, expliquant au trompettiste (Arthur Whetsol ?) sa nouvelle composition. Mais il faut tout de même attendre la quatrième minute pour (enfin) voir son visage !

Et le contexte n’est pas très reluisant : son piano a des traites de retard et des gros bras viennent le récupérer. Mais heureusement pour le Duke, Fredi a du gin et les deux déménageurs repartent chargés, mais pas d’un piano !

Eh oui, nous sommes encore pendant la Prohibition (Volstead Act) qui ne prendra fin qu’un peu plus de trois ans après la sortie du film. Et comme le Code Hays n’est pas encore écrit, montrer des gens qui boivent librement de l’alcool est toléré.

 

Et puis il y a le Cotton Club, avec son orchestre de jazz (celui du Duke, bien entendu), ses danseurs de claquettes et son sol lustré qui sert de miroir pour certains plans. Parce que les plans de Dal Clawson sont très importants, devenant un véritable soutien à la musique (et non le contraire comme nous en avons l’habitude). Des gros plans sur les différents protagonistes, bien sûr, mais aussi des danseurs de claquettes dans une formation qui peut nous sembler incongrue à notre époque : ils sont cinq et évoluent l’un derrière l’autre dans tous leurs déplacement. Le sol miroir du Club permet aussi d’avoir un plan des pieds heurtant le sol tout en montrant les (bouts de) visages de leurs propriétaires.

Et Ce reflet bienvenu va aussi nous permettre un bel aperçu du dessous de la jupe de Fredi qui n’est déjà pas très vêtue… Là encore, l’absence du Code Hays sert très bien l’intrigue.

Dernier effet notable du chef opérateur, une caméra subjective qui nous permet de voir ce que ressent Fredi alors que son mal progresse : vue brouillée puis altérée donnant à voir une répétition d’un même plan sur l’écran, un kaléidoscope vivant qui s’empare de ce même écran jusqu’au moment fatal de la perte de connaissance.

 

Et cette intrigue, surtout sa dimension tragique sert parfaitement ce standard ellingtonien inspiré d’une marche funèbre : la dernière séquence qui voit Fredi agoniser, soutenue par les musiciens (instrumentistes & chanteurs) possède une force incroyable : c’est déjà l’enterrement de la jeune femme et les adieux de ses proches.

Et bien sûr, c’est le Duke qui conclut la vie de Fredi : un visage qui pleure et qui se brouille, interrompu par son dernier soupir.

 

Un must !

 

  1. Coécrite avec Bubber Miley

 

 

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