Alors qu’il est à la poursuite du « tueur au code », Terry McCaleb (Clint Eastwood), profileur au FBI), est victime d’un infarctus. Deux ans plus tard, il revit : une jeune femme, récemment décédée lui a donné son cœur.
Sauf qu’elle a été tuée, ce que McCaleb ne peut supporter. Surtout que la sœur de la victime (Wanda de Jésus) vient le relancer pour retrouver son assassin.
Terry va donc reprendre l’enquête, malgré ses ex-collègues du LAPD qui ne voient pas d’un bon œil son irruption dans une affaire qu’ils ont plus ou moins classée.
Mais ce qu’il découvre dépasse son imagination…
Eastwood retrouve la police mais dans un nouveau cadre : McCaleb est un homme diminué, vieillissant. Ca tombe bien, Eastwood a fêté ses 72 ans depuis quelques temps quand le film sort en août 2002. Et si Terry a certaines pratiques qui ne sont pas éloignées de celles de Harry Callahan (quand il s’occupe de l’homme dans la voiture qui le surveille), dans l’ensemble, il est beaucoup plus subtil et arrive aux même résultats : la neutralisation d’un coupable. Parce que le tueur au code sera neutralisé, ce dont nous ne doutons à aucun moment. Et si Brian Helgeland a un tantinet modifié le roman initial de Michael Connelly (1) – normal, nous sommes au cinéma –, ce dernier le signalera dans un autre de ses romans, faisant par là même un petit clin d’œil au cinéaste.
Encore une fois, on retrouve l’idée du creuset (melting-pot) qui est l’une des bases des Etats-Unis :ici, McCaleb dont le patronyme fleure bon l’Europe et les premiers colons américains se retrouve affublé d’un cœur d’origine mexicaine, ce qui amène certaines tensions avec un des policiers du LAPD, Ronaldo Arrango (Paul Rodriguez), lui-même un véritable « Cul-mouillé » (wetback) comme on nomme péjorativement les clandestins qui émigrent aux Etats-Unis (ils ont traversé le Rio Grande à la nage,d’où le sobriquet).
Mais cela ne gêne nullement McCaleb et même, cela va faire de lui, peut-être une meilleure personne, thème qui jalonne l’œuvre de Eastwood : on retrouvera cette idée, par exemple, dans Gran Torino, mais sans la dimension mystique voire christique de Walt Kowalski.
Aux côtés de Clint Eastwood, on a plaisir à retrouver Jeff « Tom Baxter » Daniels (Jasper « Buddy » Noone). Buddy est un personnage essentiel à l’intrigue sur plusieurs plans et Daniels compose avec conviction ce personnage nonchalant, véritable oisif – il passe son temps à boire des bières – mais qui ne dédaigne pas de donner un coup demain à son ami Terry (2).
De plus, ce sont les femmes qui jouent le rôle le plus important aux côtés de cet enquêteur singulier. Outre celle qui lui a donné son cœur et sa sœur qui le remet en selle, on trouve deux autres femmes importantes : la doctoresse Bonnie Fox (Anjelica Huston) et la détective Jaye Winston (Tina Lifford). La première pour son suivi médical, bien sûr mais aussi pour vérifier l’hypothèse centrale de l’intrigue ; la seconde quant à elle sous couvert d’un renvoi d’ascenseur, va lui permettre de travailler malgré les cadres juridiques stricts (3).
Bref, un film qui, s’il reste mineur en comparaison d’autres, se laisse regarder avec beaucoup de plaisir, et est interprété avec justesse.
Que demander de plus ?
- J’adore !
- « Buddy » signifie aussi « ami ».
- On ne s’improvise » pas enquêteur aux Etats-Unis, il faut une licence.