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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Ridley Scott
Mensonges d'Etat (Body of Lies - Ridley Scott, 2008)

Le Proche-Orient, du point de vue de la CIA.

Ferris (Leonardo DiCaprio) est  un agent de la CIA. Il travaille directement pour Ed Hoffman (Russell Crowe), qui est en liaison continue avec lui.

Ensemble (donc), ils traquent Al-Saleem (Alon Abutbul), un des chefs de la tentaculaire Al-Qaïda.

 

Ridley Scott est vraiment un réalisateur phénoménal. Après avoir  réformé le film de science-fiction (Alien et dérivés), tâté de la reconstitution historique (Kingdom of Heaven) adapté la légende (Robin des Bois) ou le mythe (Exodus: Gods & Kings), il nous propose un film d’espionnage mâtiné de terrorisme djihadiste époustouflant.
Nous sommes constamment au cœur de l’action, des tractations, des exécutions, avec parfois quelques moments de répit, pour Ferris comme pour nous.

 

C’est un film qui, dix ans après, reste très actuel de par son thème et son intrigue : si Ben Laden a été définitivement éliminé du plateau, son action continue, imperturbablement, pour le malheur de ses victimes.

On retrouve, d’une certaine façon, les éléments de deux films de son frère Tony : Ennemi d’Etat et Spy Game.

Ennemi d’Etat pour la surveillance continue dont est sujet Ferris et les autres protagonistes ; Spy Game pour les rapports entre Hoffman et Ferris, qu’ils soient directs ou non, avec des rapports hiérarchiques tout de même beaucoup plus malmenés entre les deux hommes.

Mais là où Tony mettait l’accent sur des ralentis et des déplacements de points de vue – une constante dans ses films – Ridley, lui reste toujours au même niveau, se concentrant plus sur ce qu’on voit plutôt que comment on le voit.

 

En plus de l’action inévitable, on assiste à une immense partie de jeu de dupes où celui qui est piégé n’était pas obligatoirement celui qui était prévu.

On retrouve aussi les ingrédients incontournables à ce genre de film : poursuite, séances de torture ou encore surveillance illégale, le tout dans la plus parfait opacité : jusqu’au bout, on n’est à peine sûr du résultat de ces démarches, et ce qui est le plus important, et attise donc encore plus notre curiosité, c’est la confidentialité dans laquelle se déroule toutes les manœuvres, que ce soit d’un côté ou de l’autre, avec en prime des coups franchement tordus, voire carrément ignobles : l’utilisation de l’architecte Omar Sadiki (Ali Suliman) est tout bonnement révoltante.

 

Avec ce film, comme dans celui de Kathryn Bigelow quatre ans plus tard – Zero dark thirty – on a le sentiment de pénétrer dans des arcanes secrets voire illégales, et on ne peut que s’offusquer de pareilles pratiques, semble-t-il nécessaires.

Mais ce qui fait le sel de l’intrigue, ce sont les rapports entretenus entre Ferris et ses deux interlocuteurs privilégiés : Hoffman, bien sûr, du côté américain ; mais aussi Hani Salaam (Mark Strong), intermédiaire du roi de Jordanie.

Ce ne sont que coups fourrés teintés d’ironie – il est souvent rappelé que ces gens-là sont partenaires, voire amis – avec un fossé entre d’un côté Ferris, et dans une moindre mesure Hani, en plein milieu des conflits et donc du danger ; et de l’autre Hoffman à quelques milliers de kilomètres de là, en direct-radio, comme on dit, mais qui vit tout naturellement sa vie personnelle, s’occupant de ses enfants.

Mais le pire dans tout cela – le plus cynique, dirions-nous ? – c’est de voir que finalement, il a le plus souvent raison !

 

Car au bout du compte, Hoffman a une vie à peu près normale,et est totalement détaché de ce qui se passe, perdant peu à peu de l’humanité que ressent de plus en plus Ferris, dans un jeu qui devient toujours plus dangereux, et qui surtout n’est pas un jeu.

 

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