Londres, 13 juillet 1985.
Freddie Mercury (Rami Malek) se prépare à entrer sur scène pour le monumental Live Aid instigué par Bob Geldof (Dermot Murphy).
Quinze ans plus tôt, le jeune Farrokh Bulsara travaille à Heathrow comme bagagiste passant certaines soirées au pub où il voit Brian May (Gwilym Lee) et Roger Taylor (Ben Hardy) que Tim Staffell abandonne pour d’autres cieux.
Grâce à sa voix, Freddie est engagé. Suivent alors quinze années de musique, de création, de démesure.
Quel film !
Je sais, la vie de Freddie a été malmenée par l’intrigue, mais on ne peut pas rester de marbre devant un tel monument.
Rami Malek est Freddie. Il ne lui ressemble pas exactement peut-être, mais on ne peut voir d’autre que le grand Mercury dans les différentes poses et autres prestations. Jusqu’au fameux concert de Wembley où chacun des gestes effectués sera reproduit à l’identique, amenant cette même émotion que celle qui submergea les (télé)spectateurs ce jour-là.
Alors qu’importe la vérité puisque nous sommes au cinéma : tout est possible, à partir du moment où nous avons un intrigue solide de belles images et une distribution adéquate.
Et là, c’est le cas. Les différents interprètes choisis retransmettent magnifiquement cette époque et surtout l’ébullition mercurienne lors de la création de la chanson qui donne au film son titre : Bohemian Rhapsody.
C’est un grand moment musical filmé comme tel : entre la ligne de piano qui obsède Freddie avant et les différentes prises de Roger Taylor et son Galileo, on voit se monter ce qui reste à ce jour comme très certainement le plus grand single du rock (1).
Et à nouveau, l’émotion est là.
Et encore, ce n’est rien à côté de la séquence finale lors de la prestation devenue depuis mythique à Wembley (on termine là où on a commencé).
Rami Malek s’efface alors et laisse place au grand Freddie qui envahit définitivement l’écran.
Certes, le tournage ne fut pas des plus faciles, l’entente entre les quatre du groupe n’étant pas la même avec Bryan Singer qui fut remercié avant la fin, remplacé au pied levé par Dexter Fletcher qui fut un temps pressenti pour la totalité du tournage dès sa mise en chantier en 2013.
Quoi qu’il en soit, cette tranche de vie – et malgré les entorses à la vérité – de Queen est passionnante, et même si l’accent est porté sur Mercury, on ne peut réduire l’influence des trois autres dans cette musique et cette formation qui continuera après la mort du chanteur.
Car si Freddie était d’une certaine façon la vitrine du groupe, la démesure qu’il développa était aussi liée à la musique créée.
Et pour le reste, je reprendrai la réplique célèbre de L’Homme qui tua Liberty Valance : « Quand la légende dépasse la réalité, on publie la légende. »
Qu’importe la vérité vraie (existe-t-elle d’ailleurs ?), le plus important c’est très certainement l’émotion qui submerge le spectateur.
Et ici, c’est magnifiquement le cas.
(1) Et fort curieusement, lors du classement 100 45 tours de 1988 par le magazine Rolling Stone, ce titre n’apparaît pas, pas plus qu’un autre titre de Queen, grand absent de ce classement.