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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Oliver Stone, #Guerre
Né un 4 juillet (Born on the fourth of July - Oliver Stone, 1989)

Trois ans après Platoon, Oliver Stone retourne au Vietnam pour suivre l’expérience de Ron Kovic (Tom Cruise), véritable soldat des Marines qui partit en 1967 mais revint au pays dans une chaise roulante, après une blessure en janvier 1968…

Tout comme Oliver Stone, Ron Kovic s’est porté volontaire mais lui est revenu avec deux meurtrissures : l’une physique qui l’oblige à se déplacer en fauteuil roulant ; l’autre morale qui le fait sursauter quand il entend des pétards exploser, à laquelle s’ajoute une impuissance autant physique que sexuelle.

Un cauchemar.

 

Pourtant, ça commençait bien (pour lui). Nous sommes le 4 juillet 1956, et Ron (Bryan Larkin) regarde la parade des anciens combattants pour la fête nationale. Et ce qui retient le plus soin attention, ce sont les invalides qui défilent plus ou moins fièrement – sans bras, en fauteuils roulants (etc.) – signe prémonitoire du destin du jeune garçon.

Puis nous sommes dix ans plus tard et Ron est au Vietnam pour une journée très particulière de janvier 1968. Après avoir attaqué un village supposé abriter des Viêt-Cong (VC), les Marines se rendent compte qu’il n’y a aucun ennemi et qu’ils ont massacré (1) des femmes et des enfants. Plus tard dans cette même journée, alors que règne la confusion, Ron tue accidentellement un de ses frères d’armes qui s’élançait en hurlant.

C’est aussi ce même jour qu’il reçut plusieurs balles de vrais VC qui vont définitivement sceller son sort.

 

Encore une fois, Oliver Stone nous montre un pan de cette guerre traumatisante qui ne permet pas à l’armée américaine de briller. Et les différents filtres utilisés ajoutent à la confusion des soldats, les différents protagonistes apparaissant alors plus comme des ombres que des êtres humains. A la différence de Platoon, où la moiteur était omniprésente du fait de la jungle, ici c’est la sécheresse qui domine, accentuée par la teinte que prend l’écran pendant les différentes phases de combat.

Et c’est un épisode peu glorieux de cette armée réputée invincible qui va déclencher chez Ron une remise en question de son mode de vie et de ses convictions.

 

Au départ, c’est un Américain pur jus, élevé au base-ball et à la lutte, un tantinet nationaliste dont le mot d’ordre « America: love it or leave it » n’est pas sans rappeler les positions d’un président actuel. Et quand il revient du front, dans sa chaise, il n’a pas bougé d’un iota dans ses idées patriotiques. Il ne comprend absolument pas ces jeunes gens qui s'insurgent contre les défilés du 4 juillet (fête nationale) alors qu’il est partie prenante du défilé, fier de ce qu’il a accompli, mais surtout sursautant du fait des détonations (voir plus haut).

Comme de très nombreux vétérans (4) il va prendre conscience de la futilité du conflit et surtout de l’immense mensonge qu’il y a derrière.

 

Mais pour cela, il va devoir payer : et lui qui a été élevé dans la religion – surtout par sa mère (Caroline Kava) – ca devoir gagner sa rédemption (toujours elle !) pour accéder enfin à un quelconque bonheur. La première partie, il la trouve au Vietnam, mais la seconde va lui arriver au Mexique. Après une crise de foi – et une prise de bec terrible avec sa mère – il se rend au Mexique où il rencontre d’autres mutilés de guerre comme lui, dont le farouche Charlie (Willem Dafoe) qui lui permettra d’accéder à cette rédemption recherchée, sans toutefois oublier passer par un stade de déchéance encore plus bas.

 

Mais cette renaissance salutaire va nous ramener dans la réalité de l’époque – 1972 – avec la convention pour l’investiture de Nixon à sa réélection : ce dernier concluant son discours par une déclaration absolument contraire à ce qu’il se passait en marge de cet événement et où Ron Kovic et d’autres anciens combattants étaient entrés pour s’exprimer avant d’être chassé puis presque arrêtés par les forces de l’ordre vraiment hostiles face à cette contestation.

Des images de violences policières qui ne sont pas sans rappeler celles qu’on peut voir régulièrement actuellement, et pas obligatoirement aux Etats-Unis.

 

C’est encore un film coup de poing que Stone envoie à l’Amérique, relatant un état d’esprit alors très répandu, où les agissements des soldats n’étaient – encore une fois – pas très glorieux mais où ces mêmes soldats ont pu se racheter en condamnant ce conflit qu’un infirmier qualifie avec justesse de « guerre de blancs », voire de riches.

On y suit aussi le traumatisme physique et moral qu’engendra ce conflit où  la moyenne d’âge des combattants était extrêmement basse comparée aux autres conflits précédents : c’étaient les enfants du baby-boom qui allaient mourir là-bas, et beaucoup avaient moins de vingt ans.

 

Et avec ce film, c’est un autre aspect moins exploité au cinéma – Coming Home, une dizaine d’années auparavant (1978) – de cette guerre dont l’impact n’a pas beaucoup diminué dans la société américaine.

 

 

PS : outre Willem Dafoe, on a droit à une courte apparition de Tom Berenger, autre interprète de Platoon

 

  1. C’est comme ça qu’on dit, non ?
  2. Ne me demandez pas la couleur, je suis daltonien, mais l’effet est tout de même là.
  3. « L’Amérique : aimez-la ou quittez-la ».
  4. Il est toujours terrible de se dire qu'on a affaire à un vétéran si jeune.
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