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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Gangsters, #Martin Scorsese, #Robert de Niro

“But in the end, we fucked it all up” (« à la fin, on a tout bousillé ») dit Nicky Santoro au tout début.

 

Ca commence par du Bach. La Passion selon St Matthieu. Un homme – Sam « Ace » Rothstein (Robert de Niro) entre dans sa voiture, met le contact, et… Boom. Plus de voiture. Le feu envahit l’écran alors que se déroule le générique, accompagné du final de la Passion. C’est un final grandiose, avec orchestre et chœur. Mais ce qui est intéressant, c’est que Bach fait se terminer son œuvre sur un accord dissonant (on ne l’a pas ici). Sans faire de Sam une figure christique (ce qu’il n’est absolument pas), le parallèle avec la musique est pertinent : l’histoire que nous allons voir va mal se terminer. L’harmonie possible ne durera pas.

Alors on entre dans l’intrigue. Sam est un bookmaker, le plus doué de tous. Des mafieux – ses employeurs – lui proposent de diriger un casino dans le temple du jeu : Las Vegas. Et pendant sa gérance, le casino fera des profits incroyables.

 

Mais c’est Scorsese. Alors évidemment, Sam aura beau grimper, il retombera là où il a commencé. Sinon pire.

Et pourtant : quand il arrive, tout lui réussit. Il rencontre même la femme de sa vie : Ginger (Sharon Stone). Mais si lui l’aime, ce n’est pas réciproque. Et bien entendu, ça va dégénérer.

Et pour aider à la descente, il y a l’ami d’enfance : Nicky Santoro (Joe Pesci). Nicky est un sanguin, et surtout un truand hors norme. Tuer est son quotidien, son boulot, comme il l’explique à son banquier, tout de suite moins rassuré.

Le problème, c’est Nicky. Chaque fois que Sam fait un progrès dans son casino, Nicky s’installe encore plus dans cette ville qu’il veut mettre en coupe. Leur progression parallèle se poursuivra jusqu’à la chute annoncée.

 

Quinze ans après Raging Bull, et surtout six ans après Goodfellas, Scorsese retrouve son duo de choc : de Niro & Pesci. Nous sommes dans une intrigue plus proche de Goodfellas du fait du milieu mafieux. Mais ce n’est ni une suite, ni une copie, comme certains avaient pu le croire à sa sortie. Les thèmes sont similaires, mais Scorsese va encore plus loin. La violence est encore plus forte, plus crue, mais indissociable de cet univers. Pesci est incroyable de méchanceté. Il surpasse de loin son rôle précédent de Tommy DeVito, même si leurs destins sont identiques. On retrouve aussi Frank Vincent (dans le rôle de Marino, le bras droit de Nicky) qui, cette fois-ci, prendra sa revanche sur les précédents films. De Niro retrouve aussi James Woods (en junky formidable), avec lequel il avait joué dans le dernier film de Leone (Once upon a Time in America), et chose curieuse, quand de Niro le rencontre et lui parle, l’autre est incapable d’articuler un mot.

 

Comme pour Goodfellas, nous avons des personnes qui racontent ce qui leur arrive. Nicky et Sam nous font vivre leur ascension en la commentant. Même Frank Vincent se doit d’arrêter le cours du film et figer l’image pour justifier son action.

Pour le reste, Scorsese déroule son histoire de chute vers la destruction finale : pas seulement celle des êtres, mais aussi celle des lieux qui ont vu les choses arriver. Et pour accompagner cette destruction : le retour de la Passion de Bach, véritable final tragique.

Parce que la musique, à l'instar de Goodfellas, est importante. C’est une marque du temps (on y entend certains standards de l’époque), mais aussi un soutien formidable de l’action. Le règlement de compte final se fait avec les accords de The House of the rising sun des Animals. Se distordant avec l’overdose fatale de Ginger.

 

Un film inoubliable, à tout point de vue.

 

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