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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Comédie, #Luc Bricault, #Ida Techer
Chœur de Rockers (Luc Bricault & Ida Techer, 2022)

Connaissez-vous les Salt’n’Pepper ? Non ? C’et un chœur de personnages âgées (1) qui reprend des standards du rock’n’roll. Ils ont même fait un disque !

A l’origine, il y a la mairie de Dunkerque qui voulait créer du lien avec ses seniors. Et puis comme le répertoire attendu ne convenait pas vraiment aux choristes, ça a commencé à déraper. Surtout avec l’arrivée d’Alex (Mathilde Seigner), une chanteuse de « rades », faute d’avoir Bercy, et qui vivote avec deux enfants en alternance : la galère quoi. Mais comme elle le dit à sa fille : « la galère est un lourd bateau qui avance à la rame, et pour le faire avancer, il faut être très forte. »

Bien entendu, cette histoire de rock n’est pas très bien vue par l’organisateur (Guillaume Marquet), qui voyait plutôt un événement de type atemporel et festif.

Et c’est là qu’il se trompe lourdement : le rock est devenu atemporel (depuis plus de 60 ans, il a toujours le vent en poupe), et pour ce qui est de l’aspect festif, je ne sais pas ce qu’il lui faut !

 

NB : Ce qui suit révèle quelques éléments de résolution de l’intrigue. Lisez à vos risques et périls…

 

Chœur de Rockers, c’est un film qui fait du bien, véritable comédie douce amère – les personnes âgées ont une espérance de vie plus réduite que les enfants – et comme l’oublient parfois ceux qui nous dirigent et veulent nous faire travailler plus longtemps : être en bonne santé quand on est vieux est une gageure, et surtout une illusion.

Quoi qu’il en soit, nos petits vieux (2) sont fringants, bon pied (pas tous) et bon œil, et surtout une pèche digne de celle du grand Mick (3). C’est un plaisir de les écouter reprendre des standards du rock avec leur propre façon de faire, absolument débrider.

Et au-delà de la prouesse, c’est aussi un bel hommage à ce genre musical plus riche que ne pourraient le penser certains « classiques » (4).

 

Et ce film est malgré tout une réussite, parce qu’il fait du bien (sauf à ceux dont je viens de parler) : on en sort avec le sourire et bien sûr cette indispensable larme au coin de l’œil, chère à Chaplin (5). Parce que cette aventure est avant tout une leçon d’humanité : un groupe de laissés de côté – les vieux, comme ils disent – qui se prennent en main et se font plaisir et nous font, par conséquent, plaisir.

On s’amuse de leur progression (lente au début, ne nous en cachons pas), on apprécie le concert pas exactement comme prévu, et surtout, on vibre avec les différentes émotions véhiculées. Mais à chaque fois, il y a cette musique inévitable et surtout indispensable qui rythme ces vies qui s’enfuient.

 

Et tout est abordé : la vie, l’amour, la maladie et bien sûr la mort. Et tout ça avec de fines touches très subtiles. Le cancer de l’une, les, déboires sentimentaux de l’autre, la libido, et aussi la mort inévitable et qui fauche celle qui donnait une certaine âme à ce chœur.

Ses obsèques sont un très beau moment d’émotion, et surtout une superbe illustration de la chanson Space Oddity (Bowie). Parce que la chanson raconte le départ en voyage intersidéral du fameux Major Tom : et d’une certaine façon, c’est aussi son propre voyage intersidéral que ses amis sont venus célébrer. Space Oddity, comme les autres chansons retenues, est une très belle illustration des différentes péripéties du film. Même l’interprétation de Dalida par Nicole (Myriam Boyer) et Noël (Patrick Rocca) est justifiée ! Ce n’est pas du rock, certes, mais tout de même… Vous comprendrez alors pourquoi on va trouver quelques incontournables : Ca (c’est vraiment toi), Should I stay or should I go

Sans oublier le final qui résume bien l'état d'esprit de ces chanteurs animés par cette musique.

 

De plus, la distribution s’accorde tout à fait avec le reste, et Mathilde Seigner nous montre qu’elle sait aussi être sobre dans son jeu ce qui n’est pas pour déplaire.

On appréciera aussi Andréa Ferréol qui contribue beaucoup au débridage de ce chœur, ainsi que Bernard Le Coq, et aussi le duo qui chante Dalida, tout en subtilité et humanité.

 

Bref, une comédie qui fait du bien, et en ce moment, on en a besoin !

 

PS : Avec en prime un clin d’œil à Johnny Cash…

 

  1. Ou des seniors. Des petits vieux, quoi…
  2. J’espère qu’ils ne m’en voudront pas trop de les appeler ainsi…
  3. Jagger, eh !
  4. J’en ai rencontrés : ces musiciens pour qui la musique s’est arrêtée avec Ravel ou Stravinsky, et qui dégainent leur violon dès qu’on leur parlent guitare électrique !
  5. The Kid (1919)
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