Chuck Barris (Sam Rockwell) était un homme de télévision qui imagina des émissions de télévision, surtout à partir de la fin des années 1960s, jusqu’au début des années 1980s. Parmi elles, certaines qui ont connu des adaptations dans d’autres pays comme The dating Game (1965) ou encore the Newly Wed Game (1966)…
Mais parallèlement à cette profession, il travaillait sous contrat pour la CIA, exécutant des indésirables, le tout bien sûr, pour la défense de l’Amérique et de son mode de vie…
Pour son premier film en tant que réalisateur, George Clooney fait déjà appel à un second rôle éternel et prestigieux : Sam Rockwell (1). Et déjà, c’est le monde de la télévision qui lui sert de cadre d’intrigue, même si de nombreuses séquences sont censées se passer dans quelques régions du globe où son personnage doit y exécuter de contrats.
Mais alors que dans Good Night, and good luck il rend hommage à une certaine forme de journalisme à l’éthique irréprochable, ici celle de Chuck Barris (1929-2017) peut présenter quelques lacunes voire être carrément remise en question.
Le titre original est, à ce propos, des plus intéressants : c’est d’un esprit dangereux qu’il est question, ce qui ne réduit pas Barris à un simple tueur à gages (2). Et si la mort fait partie de son mode de vie, il lui est d’un autre côté reproché d’abêtir les foules en proposant des émissions idiotes voire méprisantes (the Gong Show, 1976).
Encore une fois, le fait que le film soit réalisé par quelqu’un qui est avant tout un acteur amène un film où ceux et celles qui sont de la même catégorie vont avoir la part belle. Et Sam Rockwell est impeccable dans le rôle de ce personnage pas si lisse que ça, ou tout du moins de ce qu’il montrait au public. Et cette interprétation passe par une évolution de l’intrigue qui démarre comme n’importe quelle comédie mais va progressivement se muer en tragédie.
C’est Barris, tout comme dans son livre d’où est tirée cette histoire, qui raconte : debout, nu devant une télévision allumée, il fait un retour sur sa vie, de l’enfance jusqu’à ce moment de 1981 qui le voit au début devant le serment présidentiel de Ronald Reagan, autre acteur de cinéma.
Et cette longue narration va jouer sur les effets visuels, rapprochant les gens éloignés comme peut le faire le téléphone, mais sans franchement couper l’écran en deux comme on peut le voir habituellement : ici, le décor inclut la personne qui est au loin comme si elle était dans une pièce ouverte adjacente.
De même, nous allons assister à une détérioration du personnage principal, comme si cet esprit dangereux du titre original avait gangréné le corps de Barris : le niveau de ses émissions baisse à mesure qu’il avance dans son métier parallèle de tueur.
Sans oublier bien sûr l’utilisation de substances qui, sans être montrée, ont un impact sur le comportement de Barris (drogue ? Alcool ? Autre… ?).
De plus, tout comme le sera Ed Murrow dans le film suivant de George Clooney, Chuck Barris est seul. Il est seul aussi du fait de son travail supplémentaire pour la CIA : l’anonymat et la discrétion sont les deux principes de base d’un tueur efficace.
Et si Murrow avait Friend pour l’épauler, ici, c’est Penny (Drew Barrymore) qui permet à Barris de ne pas sombrer dans la solitude absolue. Certes, elle n’a pas le même rôle : Friend était surtout un collègue pour Murrow, alors qu’il y a une dimension amoureuse dans la relation qu’entretient Barris avec la jeune femme.
Mais cette solitude s’arrête au moment où Barris va finir son autobiographie dans laquelle il reconnaît n’avoir pas été un homme de télévision irréprochable.
Je vis encore vous parler de rédemption, mais je n’y peux rien : c’est un film américain…
En effet, nous assistons alors à une nouvelle naissance – la nudité du personnage quand il raconte en est un élément important, (quand on naît, on est rarement habillé…) – provoquée toutes ces confessions peu brillantes : c’est un nouveau départ pour lui car, comme toujours, l’absolution suit immanquablement la confession. C’est alors un être nouveau qui en sort, libéré de ses péchés ou/et ses travers, prêt à une nouvelle vie (3).
PS : le film, situé entre deux épisodes de la trilogie Ocean’s nous permet de retrouver quelques personnalités. Outre Steven Soderbergh qui produit, et Julia Roberts qui est un des contacts de Chuck pendant ses missions, Brad Pitt et Matt Damon font une apparition remarquée et savoureuse : je vous laisse la découvrir…
- Il en fera de même pour Good Night and good luck comme nous l’avons déjà vu ici même.
- Ses contrats sont assez lucratifs.
- Enfin, c’est ce qui doit se passer dans l’absolu…