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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Stuart Rosenberg
Luke la Main froide (Cool Hand Luke - Stuart Rosenberg, 1967)

1948, Nord de la Floride.

Un jeune homme ivre boit de la bière en vandalisant des parcmètres et souriant.

Résultat : Lucas « Luke » Jackson (Paul Newman) écope de deux ans de bagne.

Deux ans dans un camp, dirigé par un homme un tantinet sadique et à voix de crécelle – on l’appelle Captain (Strother Martin), épaulé par des gardiens plus ou moins humains (plus est la tendance générale, avouons-le).

Qu’importe : Luke sourit à cette nouvelle et désastreuse expérience que lui apporte la vie.

 

« Cool Hand Luke », comme l’appellent ses camarades d’infortune, c’est ce qu’on pourrait appeler un pléonasme, quand on parle de Paul Newman, l’un des acteurs les plus « cools » d’Hollywood.

Dès le début, on sait que quelque chose ne va pas. Luke est arrêté calmement par la police après avoir détruit trois parcmètres, et il prend deux ans de bagne ! N’est-ce pas un peu exagéré comme peine ? Dans le même temps, un des nouveaux « pensionnaires », qui a tué un homme – un accident semble-t-il – n’a pris qu’une seule année.

 

On pense alors à Paul Muni dans I’m a Fugitive from a chain gang, même si ce dernier n’avait pas réellement commis de crime ni de délit. Mais à la différence du film de LeRoy, la quasi-totalité du film se déroule en prison ou sur les chantiers où sont assignés les hommes : débroussaillage et goudronnage des routes.

Mais si le directeur de la prison de Paul Muni était franchement indigne, celui-ci est encore pire, laissant les détenus se battre jusqu’au bout – un combat entre Luke et le chef des prisonniers Dragline (George Kennedy magnifique lui aussi), voire couvrant certaines pratiques inhumaines de ses gardiens, dont Luke va faire les frais.

 

Le film se compose de deux parties voyant dans un premier temps (à peu près la première moitié du fil) l’ascension irrésistible de Luke dans le camp pénitentiaire, où il va recevoir son surnom de « Cool Hand » (1), avec le point culminant quand il réussit son pari : avaler 50 œufs durs en une heure.

Mais si cette partie semble » bien marcher pour Luke, sa conclusion est on ne peut plus prémonitoire : allongé sur une table, les bras en croix et un pied sur l’autre, c’est le début d’une Passion christique qui va commencer. Non pas qu’il est là pour racheter les autres, mais son passage dans ce pénitencier va leur amener une autre vie et adoucir leur fardeau.

La scène où ils goudronnent la route à une vitesse prodigieuse est un grand moment de l’influence bénéfique que Luke a pu avoir pendant les mois où ils ont vécu en semble.

Quand la route est terminée, qu’il n’y a plus rien à goudronner, le soleil est encore haut dans le ciel, et ils ne rentrent jamais avant le coucher de ce même soleil. Ce sont deux heures de répit que ces hommes ont gagné, deux heures à savourer, sans contrainte, ni effort surhumain.

 

Mais la seconde partie fonctionne en symétrie par rapport à la première : Luke va voir sa condition se dégrader jusqu’à la conclusion inévitable mais prévisible (2). Ca commence avec la mort de sa mère (Jo van Fleet), puis ce sont des évasions à chaque fois ratées qui l’amènent à l’issue fatale, dans une église, lui qui était avant tout athée (ou tout du moins un sacré mécréant !).

 

Paul Newman, est-il besoin de le dire (3), est un Luke formidable, toujours souriant alors que la vie s’acharne de plus en plus contre lui. Mais si Luke est Luke, c’est aussi parce que les autres prisonniers forment une magnifique communauté autour de lui. Pourtant, quand il sera cassé par les gardiens, et qu’il rentrera dans le rang, tous se détourneront, jusqu’au sursaut final, conclu par, évidemment, son éternel sourire.

Si Paul Newman est formidable, à ses côtés, George Kennedy n’est pas mal non plus. C’est un colosse, un chef qui est chef parce qu’il est le plus fort, mais qui sait aussi reconnaître les mérites de chacun. C’est lui qui amène la communauté pénitentiaire autour de Luke. Et quand Luke tente sa dernière chance, il veut en être.

Mais rapidement, quand il se retrouve seul, il est totalement perdu. Il avait une vie bien réglée au camp, il dirigeait même les autres hommes. Seul, il ne sait plus rien, il n’existe plus. Pas étonnant qu’il soit rapidement repris.

 

Au final, quand Luke n’est plus là, les choses semblent avoir repris leur cours dans le pénitencier. Mais avec une chose en plus (4) : le souvenir de Luke, son sourire aux lèvres, dans quelque situation que ce soit.

Alors ces hommes « perdus » sourient à leur tour, et la routine reprend, au camp et sur le bord des routes.

 

 

  1. Je vous laisse découvrir encore une fois, si ce n’est déjà fait.
  2. Le Christ lui-même n’avait pas échappé à la mort.
  3. Oui, bien sûr !
  4. La dimension christique, encore une fois…
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