« Cop Land », c’est « le pays des Flics. »
C’est de l’autre côté du Pont George Washington (G.W. Bridge), juste en face de New York, dans le New Jersey.
Cet endroit s’appelle ainsi parce qu’on y trouve une grande proportion de policiers de NY.
L’ordre et la sécurité y sont dispensés par Freddy Heflin (Sylvester Stallone), un shérif inoffensif qui n’a jamais pu intégrer la Force du fait de son audition.
De toute façon, une ville composée quasiment exclusivement de policiers ne doit pas connaître un fort taux de criminalité.
Evidemment, ce n’est pas le cas, sinon il n’y aurait pas de film.
C’est le deuxième film de James Mangold, et on peut dire qu’il s’en sort très honorablement dans cette histoire concoctée par Howard Shore. Mais la distribution (prestigieuse, cela va sans dire) y est pour une bonne part. Outre Stallone, on y retrouve quelques anciens de chez Scorsese : Harvey Keitel (Ray), Ray Liotta (Figgis) et Robert De Niro (Tilden) ainsi qu’une apparition de Frank Vincent, pour une fois pas un véritable truand...
Mais c’est Stallone qui retient l’attention, Freddy étant un personnage très intéressant.
Freddy Heflin est à l’opposé des personnages qu’il a pu interpréter dans ses autres films d’action : alcoolique et semble-t-il un tantinet idiot, il n’a pas la ligne mince qu’on a pu lui voir dans ses séries sportive et/ou guerrière. C’est d’une certaine façon un raté, condamné à ne jamais entrer dans la police du fait de son handicap. Mais, ce handicap a pour origine un événement qui donne une teinte un tantinet cynique : c’est en sauvant une jeune femme de la noyade, après avoir perdu le contrôle de son véhicule qui termina dans l’eau, qu’il perdit définitivement l’audition de cette oreille. Pas étonnant alors que Freddy ressemble plus à un paumé qu’à un représentant de l’ordre, cherchant quelque réconfort dans l’alcool. Mais tout comme aurait dû le faire Ray, il faut se méfier de l’eau qui dort.
En face de lui dans la ville ou à New York se trouve un personnage des plus déplaisants (il en faut toujours un dans ces cas-là) : Ray Donlan. C’est lui qui dirige en sous-main la ville ainsi qu’une partie des policiers. Et bien entendu, c’est de lui que vient le fait que Copland n’est pas vraiment une ville très morale. Il est secondé par trois sbires des plus redoutables : Leo Crasky (John Spencer), Frank Lagonda (Arthur J. Nascarella) et Jack Rucker (Robert Patrick, méchant estampillé AOC de Hollywood). Des affreux, dangereux et toute cette sorte de choses.
Sa déficience auditive sera traitée avec beaucoup de réalisme dans la séquence finale, qui ramènera – enfin – l’ordre dans cette ville très particulière. En effet, alors que les coups de feu seront perçus, les différentes répliques des protagonistes se perdront, sauf si vous êtes capables de lire sur les lèvres.
Il y a dans cette dernière partie du film une référence claire à Howard Hawks et à sa trilogie de westerns (Rio Bravo, El Dorado & Rio Lobo). En effet, Stallone/Heflin, à l’instar de John Wayne dans ces trois films, doit emmener le prisonnier qu’il retient dans ses geôles. Mais l’importance de ce prisonnier est une menace à l’empire qu’a bâti Ray, d’où une résolution plutôt sanglante de l’intrigue, avec une dernière remarque ironique de Freddy.
Dernier élément d’importance : la rédemption.
Freddy va bien sûr être sauvé. Mais il n’est pas le seul concerné. En effet, outre Heflin, c’est Figgis qui va gagner son salut, éprouvant une dose suffisante de remords pour prêter main forte à Freddy, amenant alors la résolution attendue.
Copland est un film particulier : une curiosité où pour une fois, les policiers restent entre eux, aucun grand truand n’étant d’une façon où d’une autre le centre de l’intérêt.
Une histoire de linge sale qui se lave en famille, celle des flics de New York.