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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Horreur, #Guillermo del Toro
Crimson Peak (Guillermo del Toro, 2015)

« Les fantômes existent. »

Une femme. Seule. Blessée.

Elle se souvient.

Elle nous raconte.

Sa vie. Son père. Son amour. Son mariage. Son mari... Et sa sœur.

 

Comme pour Le Labyrinthe de Pan, Guillermo del Toro commence par la fin : quand l'histoire commence, tout a déjà eu lieu.

Alors on revient en arrière pour voir comment on en est arrivé là.

Comme pour Pan, le paranormal a une grande importance.

Ce ne sont que fantômes qui s'introduisent dans la vie de la jeune Edith Cusher (Mia Wasikowska), pour la prévenir, pour la protéger, pour l'effrayer. Ne pas s'approcher de Crimson Peak. Jamais.

Mais la propriété de son mari Tom Sharpe (Tom Hiddleston), Allerdale Hall d'où l'on extrait de l'argile rouge, prend pour nom, quand la  neige s'installe, Crimson Peak.

Quand Edith l'apprend, bien entendu, il est trop tard...

 

C'est ce qu'on appelle un film d'horreur. Mais cela va plus loin. Il y a quelque chose de malsain dans ces personnages qui surgissent de nulle part - Tom Sharpe et sa sœur Lucille (Jessica Chastain) - et qui investissent la vie d'Edith (Rassurez-vous, on apprend ce que c'est).

Mais, comme d'habitude, c'est surtout un film d'atmosphère. Et Del Toro prend son temps pour mettre en place une situation de malaise pour Edith comme pour le spectateur. Peu de musique pour soutenir les moments forts ce qui les rend encore plus angoissants. Les mouvements de caméra sont lents et pertinents. Le malaise et la peur s'installent dès le début, sous forme de prémonition. A peine le jeune homme (Tom) est-il introduit que les phénomènes paranormaux commencent. Ils ne se termineront qu'avec le film. Et là encore, on a du mal à discerner le vrai du faux, la réalité du fantasme [N'oubliez pas que « fantasme » et « fantôme » ont la même étymologie...].

 

L'intrigue se situe au Tournant du siècle (1901), à une période où le monde bascule totalement dans la modernité. Les manifestations paranormales sont les derniers témoignages obscurantistes d'un monde en voie de disparition, avant la nouvelle poussée rationnelle, pragmatique et terrible du XXème siècle.

Et en plus, l'esprit de Kubrick plane sur le film : les références à Shining sont nombreuses :

- Crimson Peak est un lieu isolé, loin du monde (quatre heures de marche) ;

- Edith reçoit une balle (celle du chien) qui vient de nulle part, alors que la prise de vue fait penser à un couloir ;

- Un cadavre de femme sort d'une baignoire ;

- Le moment choisi pour s'enfuir de Crimson Peak coïncide avec une formidable tempête de neige.

 

L'autre référence est le conte de Perrault : La Barbe Bleue. En effet, cette nouvelle épouse n'a pas accès à toutes les pièces de la maison. Certaines sont interdites car dangereuses ou annoncées telles. Mais surtout, c'est quand elle met la main sur la clé d'un lieu interdit que la référence est encore plus claire. A partir du moment où elle visite l'espace prohibé, elle acquiert la connaissance et doit donc mourir. Et cette fois-ci, pas de sœur Anne pour voir venir du secours...

 

Mais avant tout, ce film est une magnifique illustration du roman gothique, cette forme littéraire qui mêle l'amour et le macabre dans des lieux inquiétants très en vogue dans la fin du XVIIIème siècle en Angleterre. Ici, nous sommes en plein dans cette forme. Le manoir avec son architecture, cette histoire d'amour singulière et les interventions récurrentes des esprits torturés contribuent à donner à ce film non seulement une atmosphère, mais surtout un genre.

 

Une réussite.

 

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