Après le succès de Samson & Delilah (Cecil B. DeMille, 1949), les autres grandes compagnies de cinéma se devaient de réagir. C’est donc le cas pour la Fox qui propose ce nouvel épisode biblique, mettant en scène un personnage des plus emblématiques de la religion juive : le roi David (Gregory Peck).
Mais il fallait tout de même une histoire d’amour pour que le film puisse fonctionner : c’est le cas avec l’aventure (et plus) que le monarque a eu avec Bethsabée (Susan Hayward)
David est donc roi d’Israël En se promenant sur sa terrasse, il aperçoit une jeune femme très belle qui procède à sa toilette. Attiré par cette beauté, il se renseigne sur elle et apprend qu’elle est mariée à l’un de ses commandants, Uriah (Kieron Moore), alors en campagne. L’éloignement de ce mari va donc rapprocher les deux amants qui vont même aller au-delà d’une relation platonique.
Mais la rumeur gronde et il semble que Dieu ne soit pas du côté de David : Nathan (Raymond Massey) demande justice au nom d’un peuple qui se sent délaissé de Dieu et de son roi.
Sans oublier que la relation entre David et Bethsabée est de l’adultère et que l’adultère est puni par la lapidation de la femme…
Trente ans avant Les Aventuriers de l’Arche perdue, Henry King nous propose déjà un film où cette Arche d’Alliance a un rôle sinon central, du moins important puisque celui qui pose ses mains impures dessus est immédiatement châtié de mort. C’est le cas d’un soldat qui veut la protéger quand elle penche dangereusement à l’entrée de Jérusalem. Et bien entendu, c’est ce jugement que nous attendons alors en ce qui concerne David qui ira se recueillir auprès de cet objet (artefact ?) merveilleux. Il faut dire que les mains de ce même David sont loin d’être pures, au vu des nombreuses turpitudes qu’entraîne son amour pour Bethsabée.
Cette séquence de recueillement sera d’ailleurs l’occasion pour King (grâce à Dunne) de nous montrer le combat mythique (je pèse mes mots) qui oppose le roi encore garçon au géant philistin Goliath (Walter Talun). (1) C’est une séquence relativement courte mais qui marque les jeunes esprits : ayant vu le film pour la première fois il y a environ quarante ans, je n’ai jamais oublié cette rencontre mortelle.
Le sujet a beau être religieux, le traitement du personnage principal – David – reste des plus humains. En effet, outre l’absence de merveilleux – aucune métamorphose, pas d’intervention divine (etc.) – le roi David reste foncièrement au niveau de n’importe quel homme, ne jouant que très peu sur sa position élevée. Même sa relation avec Bethsabée n’est pas une contrainte pour cette dernière qui l’aime sincèrement pour ce qu’il est et non ce qu’il représente.
Mais cette humanité basique se retrouve aussi dans sa relation avec le prophète Nathan qui, lui, voit en David le représentant de Dieu et nie donc son aspect humain : il ne peut se complaire dans cette relation amoureuse tellement éloignée des préoccupations royales qui doivent être les siennes. Et en plus, avec une femme mariée !
Au final, Henry King nous propose ici un bel épisode biblique, servi par une très belle distribution et un roi David formidable en la présence de Gregory Peck. Ce dernier, de par son allure et son jeu est le David humain dont je parle plus haut. En effet, Peck était imposant (
Quant à Susan Hayward, outre sa beauté, elle interprète avec justesse et surtout avec prestance une jeune femme volontaire, et qui n’est pas là seulement parce qu’elle est belle.
Quant à Raymond Massey, il est un Nathan terrible, un oiseau de mauvais augure : le véritable instrument de ce Dieu biblique (jaloux et courroucé) contre lequel s’élève David.
- Walter Talun était un géant à sa manière. En effet, il mesurait 2,18m…