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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Jean-Pierre Jeunet, #Marc Caro
Delicatessen (Jean-Pierre Jeunet - Marc Caro, 1991)

Etrange et pénétrant. Tel sont les qualificatifs qui me viennent à l’esprit quand je pense à la première fois que j’ai vu ce film. Ca ressemblait à du Gilliam – tendance Brazil – mais avec un côté distordu. Comme si on était allé plus loin que Brazil. Et puis finalement, c’est autre chose.

Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet – transfuges de la BD – ont réussi à faire autre chose.

Nous sommes dans une période post apocalyptique. Que s’est-il passé : bombe atomique ? Réchauffement climatique ?

Toujours est-il qu’il ne reste rien que des bâtiments. Aucune végétation. Et des humains. Naufragés sur une île [du latin insula, terme qui désignait aussi un immeuble].

Et dans cet immeuble, on survit comme on peut. Heureusement, au rez-de-chaussée, il y a une boucherie avec son enseigne : « Delicatessen ».

Et Louison débarque dans ce microcosme. C’est l’homme à tout faire qui vient d’être engagé. Il faut dire que l’ancien employé a tenté de s’échapper, et rattrapé par le boucher, a permis de durer une semaine, sans compter le bouillon… Parce que dans cette boucherie, on ne sert pas de la viande animale (rappelez-vous, il ne reste rien).

Alors Louison fait ce pourquoi il a été engagé : il retape l’immeuble, sous le regard envieux de ses habitants…

Il est difficile de dater l’histoire du film : on pense aux années 50 (avec la télévision en noir et blanc et ses publicités ineptes, aux années 40 (les « Troglodistes » sont vilipendés sur des affiches rappelant celles de l’Etat Français), et tout à coup, on éteint la télévision avec une télécommande (sans fil !)

Mais peu importe la période. Ce qui nous réjouit, c’est le rythme.

La caméra montre une ouverture et hop, elle s’y engouffre et scrute ce nouvel espace. [Le générique est une merveille]

La musique, aussi, apporte une dynamique et est aussi source de comique : le rythme des ébats amoureux détermine celui de l’activité des autres locataires ; la musique hawaïenne permet de découvrir un ressort défectueux, non sans avoir auparavant improvisé une petite chorégraphie sur le lit !

Ce film est aussi la revanche des seconds rôles : tous les acteurs du film – ou presque – ont déjà joué au cinéma, mais jamais dans de telles proportions. Jean-Claude Dreyfus (le boucher), a été remarqué pour des publicités (tout comme Maurice Lamy) ; Ticky Holgado (Tapioca), Jacques Mathou (Roger Kube), Rufus (Robert Kube), Howard Vernon (Potin) Edith Ker (la grand-mère) et bien entendu l’incontournable Dominique Zardi (le taxi), tous ont une longue liste de seconds rôles dans les années (voire décennies) précédentes.

Mais la palme revient à Dominique Pinon : un acteur qu’on ne peut pas qualifier de beau, dans le sens hollywoodien, réussit à être, pendant quatre-vingt-dix-neuf minutes un magnifique jeune premier. Il en est même beau, physiquement et moralement.

Parmi les nouvelles têtes, une sacrée actrice : Karine Viard.

Si Caro est « directeur artistique », il est clair que c’est Jeunet qui filme : tout est en place pour les films qu’il tournera en solo. Le cadrage, les détails, les teintes.

Ce fut une grande claque à sa sortie en 1991. Le plaisir est toujours intact.

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