Le rabbin Loew (Albert Steinrück) est aussi un mage. Ayant vu dans les étoiles que les Juifs allaient vivre des choses terribles, il décide de créer une défense contre ces malheurs à venir : une créature faite à partir de l’argile, le Golem (Paul Wegener).
Et l’empereur Ludwig (Otto Gebühr) lui donne raison, promulguant un décret anti-juif encore plus sévère, se basant sur les sempiternels reproches qu’on fait à ce peuple.
Loew décide alors de créer une défense contre ces malheurs à venir : une créature faite à partir de l’argile, le Golem (Paul Wegener).
Mais ce Golem est avant tout un serviteur pour son maître, jusqu’à ce que la fille de Loew, la belle Miriam (Lyda Salmonova) s’éprenne d’un des chevaliers du palais, le beau Florian (Lothar Müthel). Jaloux, rabbi Famulus (Ernst Deutsch) va lancer le Golem contre cet homme, mais la créature va lui échapper et semer la désolation sur son passage.
Je vous prie tout d’abord de m’excuser pour ce résumé un tantinet longuet mais surtout qui insiste essentiellement sur la fin du film : en effet, seules les dix dernières minutes voient le Golem semer le désordre : le reste du film nous montre essentiellement comment Rabbi Loew fabrique sa créature et ce qu’il en fait : un être docile cantonné aux travaux domestiques.
Mais le déséquilibre va venir de la jeune femme – l’une des rares du film mais surtout le seul rôle féminin important – qui enfreint la loi de la communauté pour coucher &avec l’étranger, celui quine vit pas dans le ghetto. Parce que tout reste dans le ghetto, à la différence de ce que fera Duvivier une quinzaine d’années plus tard. Et même une fois la menace éliminée, les portes de ce même ghetto se refermeront, laissant les Juifs dans leur isolement plus ou moins forcé.
Il me paraît évident que le film de Wegener a inspiré d’autres cinéastes. Duvivier, bien sûr puisque son Golem va reprendre en partie certains éléments du film, mais on retrouve aussi quelques aspects qui se retrouveront dans le Frankenstein de James Whale. En effet, ici aussi, il s’agit de créer la vie à partir de rien, mais alors que Frankenstein utilisait la science à sa disposition, Loew utilise la magie, et qu’on le veuille ou non, sa méthode est tout de même plus efficace.
Comme l’indiquait le sous-titre du roman de Mary Shelley (1), il y a une part divine dans Loew tout comme dans Frankenstein : dans les deux cas, seul Dieu est autorisé à donner la vie et celui qui va à l’encontre de cette règle de base s’expose à des ennuis, et surtout la perte de contrôle de la créature. Mais le cas de Loew est plus du ressort théologique que celui du docteur : Loew est rabbin et, à l’instar de son Dieu, il crée à partir de l’argile, tout comme Dieu a créé Adam dans la Genèse.
Et l’analogie avec Whale s’exprime surtout par certaines séquences à la résolution différentes : la maison en feu annonce le moulin, et l’enfant qui arrête le monstre annonce la petite fille au bord de l’eau.
Mais surtout, on retrouve dans ce film le savoir faire allemand. Les décors sont torturés comme dans les films de la même époque : Le Cabinet du Dr. Caligari (Robert Wiene, 1919), bien sûr, mais en plus réalistes, et plutôt Les trois Lumières (Fritz Lang) qui sort la même année et dont l’intrigue est plus contemporaine de celle-ci.
Par contre, Wegener prend un peu trop son temps, délayant certaines séquences en n’allant pas directement à l’essentiel. Mais une fois le Golem créé et animé, le film prend toute sa dimension fantastique : Wegener, sous ses oripeaux sombres de statue est un Golem terrifiant, mélange de cruauté et de douceur. De douceur parce » que s’il traîne Miriam par les cheveux, c’est avec une certaine délicatesse qu’il la dépose indemne sur une pierre.
Et si Karl Freund collabore au film, sa caméra reste tout de même bien statique : mais avec Wegener et Guido Seeber (l’autre opérateur) ils vont tout de même utiliser avec intelligence différents caches et autres surimpressions pour créer cette ambiance particulière d’épouvante.
A voir.
PS : une créature qui ne vit que par l’action d’une étoile au milieu de son torse ? Bon sang mais c’est bien sûr : c’est Ironman ! Tiens, non.
- Le Prométhée moderne