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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Diane Kurys, #Comédie dramatique
Diabolo Menthe (Diane Kurys, 1977)

Anne Weber (Éléonore Klarwein) est en classe de quatrième au lycée Jules Ferry de Paris. Elle a treize ans, bientôt quatorze et n’a toujours pas eu ses règles. Quant aux garçons, c’est un sujet très intéressant mais il ne fait pas encore partie de sa vie.

Elle traîne son mal de vivre dans cette année scolaire 1963-1964, pendant qu’on enterre Edith Piaf et John Kennedy, alors que la Guerre d’Algérie a laissé des traces et que passe Salut les Copains tous les soirs sur Europe 1.

 

Anne, c’est Diane Kurys, bien sûr, celle par les yeux de qui on voit cette s’écouler cette année scolaire. Elle vit avec sa mère (Anouk Ferjac) et sa sœur Frédérique (Odile Michel). Et Diane Kurys a bien choisi cette année de quatrième car en général, c’est une année de transition pour les élèves, où les tensions avec les parents sont souvent au maximum, et où les résultats s’en font alors ressentir.

C’est une collection de mauvaises notes qu’elle ramène à sa mère au premier trimestre et on entend alors le refrain rebattu par les parents mécontents, encourageant leurs enfants à faire mieux (1) : «  si je te dis ça, c’est pour ton bien ».

 

Mais c’est aussi une très belle reconstitution de cette époque, rythmée surtout par la radio (2), la télévision étant alors un luxe, où le rock s’émancipe (voir plus haut SLC) et la politique s’installe dans les esprits des jeunes filles – celles de secondes où est Frédérique – et où la liberté de manœuvre de ces mêmes jeunes filles étaient fort réduite.

Deux anecdotes nous ramènent à cela :

  • les lettres d’amour que reçoit Frédérique et que madame Weber ne trouve pas adaptées à une jeune fille de bonne famille, encourageant Frédérique à les déchirer devant elle ;
  • le débat lancé par la prof d’histoire (Arlette Bonnard) où certaines sont déjà conditionnées pour être de parfaites épouses soumises.

Cet échange est aussi l’occasion d’un grand moment d’émotion quand Pascale (Corinne Dacla) raconte la manifestation de Charonne (8-2-1962), où la police s’est déchaînée sur des manifestants impuissants et retenus par les grilles abaissées de la station de métro.

 

Bien sûr, Eléonore Klarwein est le centre de l’attention. Cette année, en plus des différents événements est aussi celle qui la voit devenir femme : les règles qui n’arrivaient pas et qui la complexaient sont enfin là. Avec ce changement, c’est aussi des désirs de grandes qui s’emparent d’elle : les garçons, ces inconnus ; les bas que « toutes ses copines portent sauf elle ».

 

Mais sa vie, ce sont aussi les adultes autour d’elle : sa mère bien sûr, mais les différentes enseignantes ou représentantes de l’autorité. La directrice sévère (Tsilla Shelton, déjà acariâtre) qui ne sait pas qu’Oran n’est pas une école privée ; la prof de maths (Dominique Lavanant) incapable de tenir sa classe ; ou encore la prof de gym (Dora Doll) qui a perdu de sa souplesse et doit se battre contre les voyeurs qui zieutent les jeunes filles en tenues de sport.

 

Mais à travers cette société sclérosée où les enfants ne sont plus des enfants mais pas encore des adultes, on trouve aussi la graine de la contestation qui va se répandre quelques années plus tard en France comme partout dans le monde :

  • la politisation des élèves : on voit s’affronter les « gauchistes » et les « réacs » devant l’établissement ; ou encore la distribution de badges de paix dans l’enceinte de l’établissement.
  • Le personnage de Muriel Cazeaux (Marie-Véronique Maurin) qui fugue et se révolte, goûtant à la liberté et ne pouvant plus retourner dans ce système uniforme et étriqué.

 

Et Anne dans tout ça ?

Elle traverse les périodes d’école en s’accrochant à la promesse de vacances salutaires : la montagne pour le ski (à « l’Alpe d’Huez ») ; la mer à Saint-Aubin-sur-Mer (Calvados) où habite son père.

Ce sont les rares moments où on la voit sourire pleinement.

Et quand l’image se fige sur son visage et qu’on entend la chanson d’Yves Simon, on reste l’écouter pour rester le plus longtemps avec elle, pendant que défilent les images de vacances avec Frédérique et leur père.

 

Diabolo Menthe est un film marqué du fait de la période qu’il décrit, mais reste tout de même d’actualité : les adolescentes d’aujourd’hui ne sont pas si différentes de maintenant, et la répression policière évoquée par Corinne Dacla a comme une résonnance actuelle…

 

 

PS : ayant vu le film en 1981, quand il est passé sur FR3 pour la première fois, je suis tombé amoureux de cette jeune fille.

  1. Echo à la célèbre appréciation atemporelle : « peut mieux faire. »
  2. Europe 1 règne sans partage sur les ondes pendant cette période.
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