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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Fritz Lang, #Fantastique

On prend les mêmes, et on recommence.

Pour ce film, Fritz Lang a utilisé les mêmes que pour Le Docteur Mabuse : Carl Hoffmann derrière la caméra, Otto Hunte pour les décors, ainsi que les acteurs Paul Richter, Bernhardt Goetzke, Hans Adalbert Schlettow et Georg John. Seul Rudolf Klein-Rogge n’est pas là, il apparaîtra dans le deuxième épisode.

Après avoir illustré l’Allemagne éternelle dans Les trois Lumières, l’Allemagne contemporaine dans Docteur Mabuse, le Joueur, Fritz Long continue son œuvre avec l’Allemagne légendaire, mythologique.

Avant lui, Wagner avait mis en musique cette saga norroise. Depuis, cette histoire est intimement liée à ce film exceptionnel.

Lang, avec ce film, réussit à montrer la grandeur des opéras wagnériens. Cette histoire n’est pas une historiette. Nous sommes dans le mythe fondateur, celui de la grandeur allemande. Il faut dire que les décors de Otto Hunte y sont pour beaucoup. Ces décors épurés inspireront Marcel Carné dans Les Visiteurs du soir, mais sans y apporter le souffle épique qui baigne le film de Lang. Pour une fois, on peut regretter que ce film ne fût pas en couleur, tant les motifs sont nombreux et semblent chamarrés voire chatoyants. Mais qu’importe, ils soulignent la grandeur de cette saga. Que de portes, d’arches et de fenêtres, amenant des symétries accentuant cette grandeur. Ces décors sont grandioses, gigantesques, et montrent aussi que l’homme, aussi valeureux soit-il est petit et rien d’autre qu’un jouet dans les mains du Destin.

Parce que le Destin est omniprésent. En tuant le roi Nibelung, Siegfried s’empare de son trésor, mais aussi s’attire sa malédiction. A partir de ce moment, quoi qu’il fasse, nous savons qu’il périra.

Et puis, il y a les femmes. Elles sont toujours essentielles chez Lang. Ici, elles sont toutes les deux fières et farouches. D’un côté Krimhild, épouse de Siegfried, de l’autre, Brunhild, épouse du roi Günther. Ce soint elles qui précipitent la mort de Siegfried. Leur orgueil mal placé amenant le geste fatal de Hagen, fidèle d’entre les fidèles de Günther. Ce geste amenant une soif de vengeance chez Krimhild, qui s’épanouira dans le deuxième opus de cette saga.

Lang, avec ce film, joue la carte du fantastique et s’en tire très bien, grâce aussi aux surimpressions qui lui sont chères et déjà utilisées dans ses films précédents. Et puis le dragon que combat Siegfried n’a rien à envier au King Kong de Cooper & Schoedsack.

Lang, en réalisant cette fresque, s’inscrit totalement dans son époque. Suite à la défaite de 1918, l’Allemagne souffre du complexe du vaincu. C’est un pays qui doit se reconstruire. En plus, l’année précédente, le pays a subi une récession sans précédent – le Docteur Mabuse n’y fut pour rien – entraînant une flambée des prix astronomique (une miche de pain valait des milliards de Deutsch Marks). Nous trouvons donc dans cette histoire ce désir (conscient ou non) de retour à la grandeur de l’Allemagne, qu’il soit social ou moral. Lang l’exprime de cette façon. Hitler – qui a raté son putsch l’année précédente – aura d’autres arguments.

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