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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Stanley Kubrick
Docteur Folamour (Dr Strangelove - Stanley Kubrick, 1964)

"Mein Führer, I can walk!" (« Mein Führer, je peux marcher ! »).

Telle est la dernière réplique du film, prononcée par celui qui donne son nom au film, le docteur Folamour (Strangelove - Peter Sellers). Pourtant, Folamour n'est pas un personnage central de l'intrigue. Mais son intervention est une démonstration formidable du talent de celui qui l'interprète : l'immense Peter Sellers.

 

Deux ans après Lolita, Kubrick nous propose une comédie extrêmement grinçante qui renvoie à la sempiternelle question : peut-on rire de tout ?

Pour ce foire, il fait appel à deux acteurs qui ont déjà joué pour lui : en plus de Sellers, c'est Sterling Hayden (L'ultime Razzia, 1956) qui interprète le rôle d'un général paranoïaque (Ripper) qui déclenche le propos de l'intrigue du film.

Le troisième acteur important du film est George C. Scott, qui joue le rôle d'un général de l'Etat-major, qui, s'il n'est pas aussi dingue que Ripper est tout de même un tantinet dérangé...

Mais il faut remettre le film dans son contexte (historique dirions-nous).

En 1964, quand le film sort, le cataclysme craint est de l'histoire ancienne, la crise des missiles de Cuba est passée et s'est résorbée favorablement. Il n'en reste pas moins des inquiétudes dans chaque camp, la peur de la bombe atomique étant très répandue dans le monde entier à cette époque. D'où le sous-titre du film : « comment j'ai appris à ne plus m'en faire et à aimer la bombe ».

Il est clair qu'avec un tel film, on peut difficilement s'en faire à ce propos, quand on voit cette bande de fous haut placés s'exciter autour d'un sujet aussi grave.

Mais le comique de la situation est avant tout le fait de Peter Sellers. Comme dans Lolita, il a un rôle multiple. Mais si dans le précédent film, il n'était qu'un seul et même personnage, ici, il en joue trois. Tous différents : Lionel Mandrake (un militaire britannique), Merkin Muffley (Président des Etats-Unis) et Folamour (scientifique allemand qui changea de nom avec sa nationalité).

Mandrake ne peut pas rivaliser de folie avec Ripper, dont il est l'ordonnance, ce dernier étant déjà fortement atteint. Tout comme Muffley qui de par se fonction ne peut pas être un personnage comique. Quant à Folamour, c'est une autre histoire.

C'est donc avec Folamour que Peter Sellers se déchaîne en nous montrant un scientifique, lui aussi bien dérangé, qui malgré son origine allemande avérée est tout de même dans la grande Salle de Guerre du Pentagone. Mais c'est surtout pendant ses interventions qu'il atteint un haut niveau comique : alors qu'il annonce des choses importantes, son discours est pollué par son bras droit (dont la main est gantée) qui ne cesse de vouloir se lever. Ce bras, et la main à son bout veulent vire leur vie : se lever pour saluer (le bras) attraper ce qui est à portée, le cou de Folamour, par exemple afin de le serrer (la main). Bref, des réflexes d'un passé qu'il est bien difficile de cacher : Folamour est avant tout un ancien nazi. Un régal !

Parce que malgré tout, dans ce personnage comique, on retrouve certains dignitaires scientifiques du IIIème Reich qui fuirent après la guerre et trouvèrent refuge en Amérique, qu'elle soit du Sud ou du Nord...

Leur connaissance en devant pas être perdue pour tout le monde...

 

Détail ironique final : c'est Vera Lynn qui chante à la fin (We'll meet again, 1939), une chanson pleine d'espoir, symbole d'une après-guerre ensoleillée qui adviendrait quand tout serait terminé...

 

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