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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Horreur, #Tod Browning, #Karl Freund
Dracula (Tod Browning, 1931)

Dans un château construit à même la montagne...

Une crypte immense.

Un cercueil sur le sol.

Le couvercle se soulève : une main en sort...

 

Du plan général au détail : comment créer une ambiance...

Et pour créer cette ambiance, l'un des maîtres de la caméra (un Allemand, cela va de soi...) : l'immense Karl Freund.

Sorti quelques mois avant Frankenstein, c'est - avec ce dernier - le film emblématique des studios Universal, celui qui donne la couleur horreur-fantastique qui va se développer dans ces années. C'est aussi un film qui va révéler celui qui jouait au théâtre le rôle éponyme: Béla Lugosi. Suivront vingt-cinq années de cinéma d'horreur pour ce dernier, ponctuées tout de même de rôles un peu différents (Mr Wong en 1934, Ninotchka en 1939...)

Mais Dracula, c'est avant tout un film d'atmosphère. Et la présence de Karl Freund, formidable opérateur du cinéma allemand (Le Golem, Le dernier des Hommes, Metropolis, Tartuffe...) y est pour beaucoup : l'utilisation de l'ombre et de la lumière, les éclairages particuliers (le visage de Dracula, surtout) rappellent les origines de Freund. Browning, pour sa part, continue d'explorer l'anormalité des humains. Et l'association des deux nous offre un film de belle facture. Inférieur, certes, au Nosferatu de Murnau, mais tout de même d'une grande qualité. La véritable raison de (sur)vivre de Dracula est de mordre ses victimes pour leur sucer le sang. Or jamais on ne voit d'attaque sur ses victimes, ni de canines proéminentes. A chaque fois, la séquence se terrible avant l'attaque. Cette attaque devenant suggestion, l'effet n'en est que plus fort : l'imagination (qui fait le reste) est le seul vrai moteur de la peur !

Il s'agit de la première adaptation autorisée par la famille Stoker (rappelez-vous, Murnau a travaillé dans l'illégalité !), mais le film s'appuie surtout sur la pièce de théâtre tirée du roman. Et, n'en déplaise aux ayant-droits de Bram Stoker, il est évident que Browning a vu (et aimé) la version précédente : on retrouve çà et là des éléments déjà vus...

Quoi qu'il en soit, ce film fut un immense succès (mérité).

On sent, en plus de la présence de Freund et Browning, l'influence du cinéma muet, surtout dans le rôle de Dracula : c'est un homme de peu de mots, où les attitudes et les gestes suffisent. Il est d'ailleurs bien dommage que Lon Chaney soit mort peu de temps avant le tournage : il devait jouer Dracula. On imagine facilement ce qu'il aurait fait de ce personnage noir aux manières irréprochables, jouant de son visage avec son brio habituel Non que Lugosi soit mauvais. Mais il n'atteint pas le degré de virtuosité du grand Lon. Mais Lugosi a un atout que ne pouvait pas avoir Chaney : son élocution. En effet, il était né là où se passe le début du film (Transylvanie). Son accent hongrois est donc on ne peut plus authentique !

Avec Lugosi, un autre acteur donne une magnifique prestation : Dwight Frye. Il est un Renfield inoubliable. D'une folie incroyable. Son regard, son élocution en font un personnage fascinant, mais inquiétant... Pas étonnant qu'il ait été choisi pour jouer Fritz dans Frankenstein.

Par contre, David Manners nous gratifie d'un Harker assez insipide...

 

Et après ?

Après, Freund retrouvera Béla Lugosi dans Double Assassinat dans la rue Morgue avant de signer son premier film : La Momie.

Quant à Browning, après être allé au-delà de la nature humaine avec cette histoire surnaturelle, il va se lancer dans son chef-d'œuvre (incompris, mal aimé...) avec une intrigue vraiment naturelle, où les « monstres » le sont réellement : Freaks.

 

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