Ella (Colleen Moore) vit à Roseville, petite ville du Colorado. Elle habite avec sa belle-mère (Vera Lewis) – on dit aussi marâtre – et les deux filles de cette dernière : Lotta (Doris Baker) et Pressie (Emily Gerdes).
Hélas, Ella n’est que la servante de ces trois personnes, sa belle-mère ayant définitivement épuisé son père…
Mais heureusement, il y a Waite Lifter (Lloyd Hughes), le livreur de glace, son (bon) ami.
Un jour, un concours de beauté a lieu à Roseville. La lauréate se verra attribuer, en plus d’une récompense substantielle, une chance de tourner à Hollywood !
C’est à l’issue du bal que sera décerné le prix.
Ella décide de participer. Et bien entendu, elle l’emporte.
Ca vous rappelle quelque chose ? Normal. En anglais, Cendrillon se dit « Cinderella ». Et tous les ingrédients du conte (de Perrault ou des frères Grimm, ça dépend de votre nationalité) sont là : Ella qui fait le ménage, le bal, le prince charmant… Et même la chaussure qu’elle perd !)
Et ce que vit Ella Cinders ressemble fortement à un conte de fée.
Sauf que…
Sauf que le film est essentiellement basé sur des malentendus :
- C’est un malentendu qui fait qu’elle gagne le concours ;
- A son arrivée à Hollywood, ce n’est pas elle qui est attendue ;
- Waite Lifter n’est pas celui qu’on croit ;
- Quand Waite retrouve Ella, il se méprend sur son compte…
Le film fourmille de situations qui ne sont pas ce qu’elles montrent. Et c’est bien normal, nous sommes au cinéma. Tout n’est qu’illusion.
Au-delà de cette mise en abime très réussie, Alfred E. Green aborde un aspect peu développé de l’industrie du cinéma : les jeunes femmes qui débarquent de leur campagne pour réussir au cinéma. Ici, le sujet est traité avec beaucoup d’humour, mais on ne peut s’empêcher de rire jaune parfois. La situation d’Ella étant des plus catastrophiques à son arrivée dans la nouvelle Babylone : les organisateurs du concours étant des escrocs, elle se retrouve sans rien. On lui conseille même de retourner d’où elle vient. Mais elle refuse, préférant vivoter en attendant de trouver son graal, un engagement.
Mais nous sommes dans une comédie et tout se terminera bien.
Quoi que…
Je vous laisse juge de cette fin que je trouve en demi-teinte.
Le film repose sur les (frêles ?) épaules de Colleen Moore. Elle était l’une des flappers les plus en vue. Et on ne peut s’empêcher de penser à Olive Thomas dans le film éponyme, tant Ella partage le côté mi-ingénue/mi-délurée de son personnage. Mais Colleen Moore va encore plus loin dans le ridicule des situations. Il faut la voir s’entraîner aux exercices oculaires ou participer malgré elles aux situations de tournages qu’elle considère véridiques. Elle rencontre même Harry Langdon – autre vedette de la 1st National Pictures – sans le reconnaître, ce qui le met un tantinet mal à l’aise, mais ne l’empêche pas d’aider cette jeune fille aux abois, la transformant en table !
C’est aussi une comédie sur le cinéma – comme plus tard Show People de King Vidor, dévoilant au spectateur comment sont tournées les séquences, en studio ou en plein air. L’irruption d’un train en plein milieu du tournage étant caractéristique de l’activité hollywoodienne : le metteur en scène (à casquette, bien entendu) ne se formalise pas tant que ça de cette interruption, persuadé d’avoir fait le nécessaire pour ne pas être dérangé.
Mais ce qui ressort le plus de tout ceci, c’est la volonté évidente du metteur en scène de nous égarer dans certaines situations, révélant au dernier moment – par travelling arrière, entre autres – que ce que nous avons vu n’était pas vrai, juste une scène de tournage : un film dans le film.