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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Comédie dramatique, #Alice Guy
Les Feuilles chéant (Falling Leaves - Alice Guy, 1912)

« Quand la dernière feuille de l'automne sera tombée, elle mourra. »

Cette sentence prononcée par le médecin de la famille inquiet beaucoup la jeune Trixie (Magda Foy): il n’est pas question de laisser sa sœur Winifred (Marian Swayne) mourir. Elle décide donc de sortir en douce, munie d'une pelote de laine, pour aller attacher les feuilles aux arbres, empêchant ainsi l'issue fatale qui attend sa sœur.

Heureusement, le destin veille : alors que Trixie entreprend son grand œuvre, elle fait la connaissance du jeune docteur Headley (Mace Greenleaf), pneumologue qui vient d'inventer un traitement contre la « peste blanche » (1).
Bien entendu, il va la sauver. Et bien entendu, ils vont finir ensemble...

 

C’est toujours avec beaucoup de plaisir que je regarde un film d’Alice Guy, l’une des plus grandes dames du cinéma (sinon la plus grande). Et à nouveau (2), c’est une intrigue un tantinet naïve qu’elle nous propose, prenant le point de vue de la petite fille.

Magda Foy fait partie de ces enfants acteurs qui sont de plus en plus nombreux à Hollywood. Et le choix de cette fillette fut très judicieux tant sa composition est empreinte de naturel : quand elle surprend la conversation entre le docteur et sa mère (Blanche Cornwall), elle est positionnée de manière à attirer l’attention du spectateur : en arrière-plan, près d’une tenture derrière laquelle elle se réfugie. Cette position peut nous sembler « trollesque », comme si elle échappait à la réalisatrice (illusoire !). Mais les quelques expressions qui se forment sur son visage s’intègrent parfaitement à ce que nous voyons.

 

Mais nous ne sommes (encore) qu’en 1912, et le cinéma montre ses limites : les intertitres ne sont là que pour illustrer ce que nous allons voir et ne participent pas beaucoup à l’intrigue comme ce sera le cas quelques années plus tard. Les paroles qu’échangent les différentes personnages ne sont que rapportées : on ne peut pas encore parler manifestement de dialogues. Mais on sent tout de même un changement : les descriptions laissent la place aux paroles qui ne sont pas encore « échangées ». Trixie explique sa démarche à Headley, ce dernier annonce qu’il peut guérir la jeune femme. Par contre, si le premier élément est inclus dans l’intrigue, le second garde l’aspect annonceur des autres intertitres.

 

De même, la séquence charnière (celle qui voit Trixie dans le jardin) montre là encore clairement les limites de la technique (celle d’Alice Guy comme celle des autres) cinématographique du début des années 1910s : l’immobilité de la caméra. Alors qu’on pouvait pardonner à Madame Guy l’aspect rudimentaire du cadrage dans La Fée aux choux (3), on regrette franchement qu’elle n’ait pas pu incliner la caméra afin de suivre pleinement la fillette qui attache les feuilles aux arbres : elle se penche et disparaît du champ, nous laissant une vue statique (donc) du portail, pendant que des feuilles continuent de tomber malgré les efforts de Trixie. Certes, c’est court, mais c’est quand même dommage : le cadrage est prévu pour Mace Greenleaf (4).

 

Malgré tout, ça reste un plaisir à voir.

 

  1. Tuberculose.
  2. C’est seulement le deuxième film d'elle dont je parle ici…
  3. C’était son premier film, ne l’oublions pas !
  4. Le côté amusant ne vous a pas échappé : Greenleaf signifie « feuille [d’arbre] verte »…

 

 

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