Il n'y a pas de quoi révolutionner le cinéma, non. Mais un je ne sais quoi qui nous amène « un sourire, et peut-être, une larme. »
James Barrie (Johnny Depp) est coincé dans sa vie victorienne, avec sa femme victorienne, dans sa maison victorienne, dans cette société victorienne. Pourtant, la vieille Victoria est morte depuis deux ans quand commence le film. Mais plus de cinquante ans de règne, ça laisse des traces. C'est une société sclérosée, refermée sur elle-même, prude... Bref, ennuyeuse à souhait. Mais que voulez-vous, c'était aussi ça, l'Angleterre au début du vingtième siècle.
James est un dramaturge. Malheureusement pour lui, son inspiration a choisi d'aller faire un tour, et ce qu'il produit n'est pas terrible. Tout se délite. Surtout sa femme (victorienne) Mary (Radha Mitchell) avec qui il fait chambre à part...
Mais, un jour qu'il part chercher l'inspiration dans le parc, il fait la connaissance des enfants Llewellyn-Davies, que leur mère (Kate Winslet) emmène jouer. Et là, sa vie bascule.
Il se prend d'amitié pour eux et retrouve alors son inspiration juvénile. Et à force de croiser ces enfants, d'élaborer des aventures pour eux, lentement une nouvelle histoire se met en place. Ce sera Peter Pan.
Mais la maladie est le quotidien des enfants et après avoir perdu leur père, les enfants voient leur mère décliner.
Ce qui est bien avec le cinéma, c'est que tout est permis. Et quand on fait un biopic, on arrange toujours un peu les choses. Alors oui, Marc Forster triche avec la vérité. Mais est- ce là le principal ? Non. Ce qui est magique (je pèse mes mots), c'est l'élaboration de ce qui sera l'un des plus grands best-sellers de l'enfance. Nous assistons à la mise en place d'une histoire qui fait encore rêver les enfants. Et la scène de la première de la pièce, avec la présence des orphelins du voisinage est une très bonne illustration du pouvoir onirique de cette histoire. Le placement des enfants, disséminés dans un théâtre qui n'était pas conçu pour eux est le coup de génie, l'inspiration suprême de Barrie pour contribuer au succès de sa pièce.
Alors on se laisse faire, comme les adultes à la représentation et on plonge la tête la première dans cet univers, comme le fait Kate Winslet dans une scène d'un onirisme fantastique.
Alors oui, c'est beau, c'est bien fait, émouvant à souhait, les acteurs jouent juste. Il n'y a pas de raison de bouder son plaisir. Et en plus, on découvre un petit jeune homme qui fera parler de lui, dans le rôle de Peter : Freddie Highmore.