31 décembre 1925 (?).
D’un côté, la folie de Time Square où les New-Yorkais sont venus en masse fêter le nouvel an. De l’autre, les salons feutrés où la haute bourgeoisie de cette même ville célèbre avec réserve cette même nouvelle année à venir.
Parmi eux, Brian Alden (Eugene O’Brien), immensément riche, s’ennuie et décide d’aller voir le vrai monde.
Arrivé – et bloqué – à Time Square, il fait la connaissance de la belle Orchid (1) Murphy (Gloria Swanson) qui est venue avec son frère qui, malgré ses ascendances irlandaises a tout d’un Sicilien…
Brian est follement amoureux d’Orchid, mais comment faire accepter une fille si populaire (pour ne pas dire vulgaire) dans sa caste si à cheval sur les convenances ?
Nous sommes en plein chant du cygne du cinéma muet, et si Mondaine n’est pas un chef-d’œuvre absolu, il n’en possède pas moins quelque intérêt.
Tout d’abord, il y a Gloria Swanson, dans un rôle bien loin – en partie – de ceux qu’elle a pu tourner avec Cecil B. DeMille : c’est une « fille du peuple » (comme on dit), aux manières franchement frustes, mais comme le signifie Brian, elle est authentique (2).
Il est clair qu’un monde sépare ces deux êtres, mais comme toujours, l’amour passe par là et la magie du cinéma fait le reste.
Encore que.
En effet, afin de rendre Orchid plus présentable auprès de ses pairs, Brian la fait « éduquer » par sa tante Agatha (Helen Dunbar) dont les manières sont des plus raffinées (d’où le titre original). Un peu trop d’ailleurs, au goût du spectateur et du scénariste, comme l’explique un intertitre plein d’esprit.
L’autre intérêt du film, c’est la présence à la réalisation (3) de Lewis Milestone, qui réalisera l’incontournable, impérissable et indémodable A l’Ouest, rien de nouveau.
Et autrement ?
Eh bien pas grand-chose. Si Gloria Swanson est, encore une fois, magnifique, Eugene O’Brien et Helen Dunbar ne déméritent pas à ses côtés. Mais c’est plus dans l’intrigue qu’on a de quoi être déçu.
En effet, si ce n’est quelques éclats de la belle Gloria pendant sa période d’« éducation », la part de comédie du film a tendance à s’effacer à mesure que le personnage d’Orchid évolue.
On aurait aimé – enfin surtout moi, mais je ne dois pas être le seul – que fût développée la période de la transformation d’Orchid. Un peu à l’instar de d’Eliza Doolittle (Audrey Hepburn) dans My fair Lady, les différents efforts d’Agatha pour arriver à faire de cette fille du peuple une lady auraient été prétexte à quelques envolées comiques évidentes.
En effet, le pouvoir comique de la belle Gloria était grand : n’oublions pas qu’elle a commencé à bonne école chez Mack Sennett !
Alors oui, c’est un peu dommage que la deuxième partie – la transformation – ait pris le pas sur la comédie qui se dessinait dans la première, empesant alors le film comme une réception de bourgeois à tendance aristocratique (le monde d’Alden, quoi).
Et si la fin est heureuse, elle ne peut empêcher de penser qu’on est passé tout près d’une comédie de haute volée.
Dommage.
- Oui, son prénom signifie orchidée.
- Il la qualifie même de « realest », néologisme signifiant « la plus vraie ».
- En sous-main de Richard Rosson, obscur réalisateur qui réalisa une vingtaine de films, étant plus à l’aise semble-t-il devant que derrière la caméra : plus de 80 films à son palmarès comme acteur.