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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Comédie dramatique, #Joel Schumacher
L'Expérience interdite (Flatliners - Joel Schumacher, 1990)

Joel Schumacher n’est pas ce qu’on appelle un cinéaste très délicat. Il n’empêche que le film qui nous est ici proposé possède certaines qualités qui méritent de s’y attarder.

Tout d’abord, nous avons une distribution plutôt prestigieuse, même si à l’époque de sa sortie, plusieurs d’entre eux étaient encore peu connus : Julia Roberts venait d’être révélée par Pretty Woman, William Baldwin était à son deuxième film, et Kiefer Sutherland continuait son ascension (qui le mènera à la série 24).

Seul Kevin Bacon était déjà célèbre, essentiellement pour sa participation dans le fameux Vendredi 13.


Mais reprenons.

Le docteur Nelson Wright (Kiefer Sutherland, donc) suit les cours de médecine à l’université de Chicago. U n jour, il propose à quelques uns de ses amis de tenter une nouvelle expérience : explorer la mort clinique afin de savoir s’il y a quelque chose après.

Mais comme toujours dans ces cas-là, si l’expérience est prometteuse, ses effets secondaires ne sont pas du meilleur effet.

 

Il me paraît évident que Joel Schumacher a bien étudié le fil de Kubrick The Shining. En effet, nous nous retrouvons dans une situation où  la réalité n’est pas certaine, et surtout on retrouve une interaction entre la vie et la mort, le présent et le passé.

On retrouve d’ailleurs dans le premier travelling une teinte inquiétante qui n’est pas sans rappeler l’arrivée de Jack Torrance à l’hôtel Overlook en ouverture du film.

De plus, la référence à Little big Man (1), si elle dénote une pointe d’ironie, n’oublions pas que le célèbre hôtel a été construit sur un cimetière indien.

Là s’arrête la comparaison.

 

Avant de passer à « l’expérience interdite » proprement dite, Schumacher nous fait tout de même une mise à jour : Rachel Mannus (la belle Julia) synthétise les différentes expériences post-mortem telles qu’elles ont pu être racontées dans divers témoignages. Elle mène un petit groupe de discussions chez des patients qui ont tous vécu une situation similaire : on y retrouve bien sûr le tunnel avec la lumière au bout, des voix merveilleuses et toute cette sorte de choses.

Et Schumacher prend le contre-pied de ces histoires en montrant les différentes expériences sans montrer le véritable passage « d’un monde à l’autre », tout comme le retour reste inconnu puisqu’il s’intéresse plus à la façon dont ils sont ramenés à la vie. Par contre, pour chacun de ses personnages qui « vit » cette situation, les différentes images sont en parfaite adéquation avec leur personnalité et leurs centres d’intérêt : la montagne pour Labraccio (Kevin Bacon) ; les femmes pour Joe Hurley (William Baldwin) ou la maison pour Rachel.

 

Bien sûr, les enjeux ne sont pas que physiques : cet interdit (qu’on retrouve dans le titre français et qui est exprimé par les différents protagonistes dans la première partie, est on ne peut plus métaphysique voire théologique.

D’une certaine manière, comme l’a dit avant moi le Post, on assiste à l’inverse de Frankenstein : alors que le héros de Mary Shelley fait revenir à la vie un corps mort, ici il s’agit d’amener un corps à la mort.

Les conséquences, si elles ne sont absolument pas les mêmes ont tout de même un petit quelque chose de monstrueux.

Et pour ça, Nelson est l’héritier du savant fou (?).

 

Mais ses conséquences ont aussi un effet salutaire : n »’oublions pas qu’il s’agit d’un film américain, et le concept de Rédemption (tant de fois rebattu dans ce blog) est le point d’orgue de l’intrigue, se substituant au véritable objectif scientifique de cette expérience.

 

Comme je le disais plus haut, Schumacher n’est pas toujours très délicat. Il n’empêche que les différentes séquences qui découlent de la vie post-mortem sont vraiment réussies : la première apparition de Nelson joue très bien avec les éclairages, amenant une note d’angoisse supplémentaire.

Hélas, la résolution n’est pas spécialement à la hauteur de cette mise en condition paranormale. En effet, quoi qu’on ait fait auparavant, il s’agit à un moment d’avoir mis ses affaires en ordre avant de faire le grand saut. Et même Labraccio, athée militant, y souscrit, essayant de rattraper ses erreurs passées, en particulier ses « bêtises » d’enfant (2).

Cette conclusion – on ne peut plus normative et édifiante – gâchant un tantinet les promesses annoncées au début.

 

 

  1. « Today is a good day to die » (« aujourd’hui est une belle journée pour mourir »)
  2. On notera d’ailleurs que seul Joe n’a pas d’expérience traumatisante d’enfant : c’est un séducteur qui ne pense qu’à coucher avant de se ranger définitivement. Mais rassurez-vous, lui aussi sera rattrapé par son passé.
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