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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Merian C. Cooper, #Ernest B. Schoedsack, #Fay Wray, #Muet
Les quatre Plumes blanches (The Four Feathers - Merian C. Cooper - Ernest B. Schoedsack, 1929)

Harry Feversham (Richard Arlen) est le fils du colonel Feversham (George Fawcett), lui-même fils de militaire (etc.)… Tous de bons soldats remplis de courage et de bravoure.

Alors reprendre le flambeau est un  lourd héritage pour Harry qui a peur.

Il n’a pas peur d’un quelconque ennemi, mais de ne pas être à la hauteur de ses glorieux ancêtres : il doit porter le lourd poids de l’honneur familial.

Il démissionne de l’armée et reçoit alors quatre plumes blanches (d’où le titre), symbole de couardise : une de ses trois amis Castleton (Theodore von Eltz), Durrance (Clive Brook) & Trench (William Powell) et la dernière de sa fiancée, la belle Ethne Eustace (Fay Wray), elle-même fille de militaire et qui ne saurait épouser qu’un militaire courageux.

 

C’est déjà la troisième collaboration de Cooper et Schoedsack, et leur premier film avec Fay Wray. C’est déjà un film à grand spectacle où de nombreux figurants (et leurs chameaux) se battent dans une lutte finale décisive pour la réhabilitation de  Feversham. Et comme nous sommes en Afrique (au Soudan), nous avons aussi droit à un troupeau d’hippopotames se jetant à l’eau : jamais on n’a vu autant de ces pachydermes dans un seul film. Même dans le Tarzan qui viendra trois ans plus tard.

 

Bien entendu, dès le début, nous savons – nous spectateurs – que cet envoi de plumes blanches n’est pas juste. Nous savons que Feversham n’est pas un lâche. Mais que voulez-vous, l’honneur est une chose grave, surtout dans l’Angleterre du XIXème siècle. Nous sommes en pleine période des guerres coloniales avec aussi – hélas ! – son lot de préjugés et de racisme. Les indigènes (soudanais) sont des primitifs foret proches des hommes préhistoriques si ce n’étaient leurs armes (sagaie et bouclier) : à ces primitifs, on oppose la discipline des soldats britanniques avec leur flegme, leur supériorité, et leur fine moustache. Même Harry, qui se prend d’amitié pour Ali (Harold Hightower) un jeune noir, possède cette supériorité sur les soldats autochtones sous ses ordres. Et comme ces derniers essaient de se révolter, il leur oppose simplement son regard autoritaire qui fait baisser les têtes. Toute une époque. Sans oublier l’esclavage qui était encore monnaie courante (malheureusement, c’est encore d’actualité).

Ajoutons enfin que les indigènes primitifs se débandent quand leur chef est mort, comme une bande apeurée… Heureusement cette époque est révolue. Quoi que…

 

Mais malgré tout, et une fois passé cet aspect un tantinet colonialiste, le film est un beau divertissement dans lequel la paire de réalisateurs nous gratifient de magnifiques scènes extérieures, qui, alors qu’elles sont tournés dans le désert californien, nous transportent tout de même en Afrique, celle des forts isolés qui doivent tenir en attendant la relève, avec l'inévitable officier incapable de commander car malade ou blessé. Cette situation sera exploitée dans la décennie suivante par de grands noms tels John Ford (La Patrouille perdue, 1934), ou encore William Wellman (Beau Geste*, 1939) ou encore Julien Duvivier (La Bandera, 1935).

 

Notons enfin que la bande son introduit certains bruits, et qu’une version sonore aurait pu être exploitée, amis finalement abandonnée par  David O. Selznick qui fera même tourner des éléments supplémentaires**. Cette dernière initiative amènera Cooper et Schoedsack à quitter la Paramount et rejoindre la RKO avec laquelle ils tourneront deux magnifiques films : Les Chasses du Comte Zaroff et ce chef-d’œuvre absolu qu’est King Kong, avec à chaque fois la belle Fay Wray.

 

 

PS : cette volonté de rachat de cet homme déshonoré n’est rien d’autre que cette quête de rédemption toujours très présente dans le cinéma américain***.

 

* précédemment tourné en 1926 par Herbert Brenon

 

** Il était comme ça Selznick, il fallait qu’il se mêle de tout…

 

*** Des fois, j’ai l’impression de me répéter…

 

 

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