25 ans.
Voilà déjà 25 ans que cette fabuleuse comédie est sortie. Et je ne me lasse pas de la visionner : retrouver cette bande d’adulescents inséparables mais qui n’ont (presque) qu’un seul but, se marier.
Mais si c’était si simple que ça, il n’y aurait pas de film.
Ils sont six – Charles (Hugh Grant), Scarlett (la regrettée Charlotte Coleman), Matthew (John Hannah), Fiona (Kristin Scott Thomas), Tom (James Fleet) et bien sûr le truculent Gareth (Simon Callow) – ont une petite trentaine, mais surtout ils recherchent (presque) tous l’âme sœur.
Nous allons alors les suivre dans une série de célébrations matrimoniales dont l’une d’elle amènera la proposition solitaire du titre.
Mais surtout, c’est Charles que nous allons voir évoluer pendant que le monde autour de lui change, et que le cercle de ses connaissances célibataires se restreint.
Il faut dire que Charles est un célibataire non pas endurci mais plutôt militant. A chaque fois qu’une occasion se présente, il ne peut s’empêcher de botter en touche quand on arrive aux choses sérieuses mais surtout à un quelconque engagement. Il y a en lui des forces qui l’empêchent de pleinement assumer une quelconque relation.
La retenue britannique tout d’abord qui lui fait perdre ses moyens quand une belle femme s’approche. Il l’explique bien en expliquant qu’il lui faut parfois trois semaines pour faire un pas en avant, et cela malgré son physique d’apollon brun aux yeux bleus.
D’une certaine façon, c’est cet héritage ancestral qui veut que les Britanniques cachent leurs émotions en toute circonstance. Et c’est le cas quand apparaît la belle Carrie (Andy McDowell) : c’est elle qui prend toujours l’initiative, le sortant d’un certain embarras. Normal : elle est américaine !
Mais au-delà de ces réjouissances, c’est avant tout un film d’amis, où chacun a sa place et son rôle. Si Charles est irrésistible, il n’en va pas de même de Tom, qui n’a pas le même physique avantageux que le premier. Mais son rôle dans l’intrigue et surtout dans le groupe n’est pas négligeable comme le montre l’après enterrement. Son avis et surtout sa philosophie renferment quelque chose que n’aura jamais Charles : son opiniâtreté et la certitude d’un avenir en couple, plus ou moins heureux.
La preuve : il trouvera l’âme sœur, là où il ne l’attendra plus, à un mariage, bien entendu.
Et puis il y a l’enterrement de Gareth (1).
Avec ce terrible événement, c’est le début de la fin de ce groupe d’amis : Charles va enfin s’engager ! Enfin il va essayer, mais son attitude ne varie pas d’un poil : il ne veut pas s’engager dans un mariage aux limites incertaines.
Et cet enterrement est aussi l’un des moments les plus poignants du film : le discours de Matthew. Et personne n’a oublié sa déclamation du poème Funeral Blues de W.H. Auden (2).
Avec la mort de Gareth, c’est la fin de l’insouciance et le grand saut dans la vie de couple comme le révèlent les images finales.
Et bien sûr, Charles réussira tout de même à ne pas se marier, mais est-ce si important en fin de compte ?
Le film est aussi une occasion de décrire les différentes phases d’un jour de mariage. Les deux premiers abordent différents étapes de la journée : le premier s’appesantit plus sur les réjouissances après la cérémonie alors que le second s’intéresse plus particulièrement à la cérémonie elle-même. Il faut dire que la présence de Rowan Atkinson en jeune Ministre du culte est franchement drôle : il n’est pas prêt d’oublier ce premier mariage qu’il conduit, l’émotion amenant des perles langagières là encore irrésistibles.
Quant au dernier mariage, il ne fait qu’amener un élément qui n’est présent dans aucun des autres : le refus.
Mais c’est normal, c’est celui de Charles…
- Si vous n’avez pas encore vu le film, désolé de vous l’annoncer…
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