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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Drame, #Biopic, #Olivier Casas
Frères (Olivier Casas, 2024)

Ca aurait pu s’appeler Deux Frères, si Annaud n’avait pas intitulé son film ainsi vingt ans plus tôt (eh oui, déjà vingt ans !).

Donc, ils sont deux : Michel « Mick » (Victor Escoudé-Oury, puis Viggo Ferreira-Redier et enfin Yvan Attal) et Patrice « Pat » (Enzo Bonnet, puis Fernand Texier et enfin Mathieu Kassovitz). Leur mère (Alma Jodorowsky) les a oubliés le jour de la sortie de la pension. Mais le problème, c’est que directeur de la pension se suicide : Pat va tenter de le décrocher mais l’homme tombe sur le couteau utilisé.

Panique : les deux frères s’enfuient se réfugier en forêt. Ils y resteront sept ans, à l’écart de tout et de tous.

Plusieurs décennies après, Michel raconte cette enfance hors du commun.

 

C’est très beau. Nous suivons avec plaisir et étonnement l’histoire – véridique ! – de ces deux garçons, avant de succomber à l’émotion qui nous submerge sans pour autant nous noyer, comment ces deux laissés pour compte (à différents niveaux) ont survécu en plein cœur de la nature. Hostile, cela va de soi, mais pas que. Parce que cette vie rude est un extraordinaire souvenir pour ces deux demi-frères (1) dont la disparition au monde n’est une priorité pour personne. Bien sûr il y a le froid et la faim, mais il y aussi le plaisir d’avoir un toit fabriqué soi-même, le bonheur d’avoir attrapé du gibier au collet (ou au lance-pierres) et surtout le véritable soutien qu’ils sont l’un pour l’autre, amenant une sorte de gémellité qui se développera tout au long de leur aventure sauvage (2) et atteindra son paroxysme dans la dernière partie. Et cette gémellité est très bien rendue : j’en ai eu confirmation par une demi paire de jumeaux qui est venue voir le film avec moi !

 

Et cette relation extrêmement fusionnelle est protée à chaque fois par un duo d’interprètes à la hauteur de l’enjeu. A chaque fois, que ce soient les enfants ou les adultes, on retrouve le même degré d’intimité et d’amour fraternel. Sans oublier une certaine ressemblance physique entre chaque membre de ce duo : le fait qu’ils soient présentés comme demi-frères autorise une différence, mais malgré tout, même Attal et Kassovitz ont comme un air de famille…

Et le plus amusant dans ce détail, c’est que c’est Attal le benjamin alors qu’il est –dans la réalité – de deux ans l’aîné de l’autre…

 

Pour le reste, on suit avec beaucoup de plaisir cette narration empreinte d’émotion, par celui qui, comme il le dit (3), qui « doit la vie » à son frère. Ce petit jeune qui abandonne famille et travail pour retrouver au Canada celui qui avait dit que c’était là-bas qu’il voulait y mourir. C’est absolument incompréhensible pour la famille de Michel, mais en tant que spectateur, nous savons pourquoi, et mieux : nous comprenons !

Cette incompréhension est aussi un des ressorts de l’intrigue : à la base, il y a un secret. C’est un secret lourd à porter pour les deux enfants qui – dans l’histoire originale – sont nés dans les années 1940 : les secrets étaient bien gardés dans les familles et aujourd’hui encore, des pans d’ombre subsistent et disparaissent régulièrement… De plus, leur autonomie forcée leur a ôté une part d’éducation indispensable, ils ignorent donc bien des éléments de convenance qu’ils auraient dû acquérir dans un milieu familial plus ou moins normal.

 

Je terminerai en évoquant une polémique qui a secoué la sortie du film dans la région où l’intrigue est censée se dérouler : d’aucuns doutent de ce qui nous est montré voire disent que cette histoire est incohérente. Peut-être. Et oui, il y a quelques incohérences, mais à ceux-là j’oppose toujours la même réponse : nous sommes au cinéma.

Alors, tout est permis. Non ?

 

PS : A propos de cette mère (on ne peut plus volage) et de ces/ses enfants, j’ouvre une parenthèse finale.

(Si Michel a 4 ans quand le film commence et Patrice 5, on en déduit qu’ils sont nés pendant l’Occup’. De là à dire qu’ils sont issus d’un père allemand, il y a un (petit) pas que je n’ose franchir : ce n’est pas le propos du film, mais cela ne me semble pas spécialement fantaisiste…)

 

  1. Sur de nombreux points, leur mère n’était une maman modèle…
  2. Oui, on pense à Victor de l’Aveyron !
  3. C’est présenté dans la bande-annonce.
Michel « Mick » de Robert

Michel « Mick » de Robert

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