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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Peter Weir, #Guerre

Peter Weir est le cinéaste du passage.

Passage à l’âge adulte pour les jeunes filles de Picnic at Hanging Rock ou les jeunes garçons du Cercle des Poètes disparus, passage à la réalité pour The Truman Show

Ici, comme pour les jeunes précédemment cités, nous assistons à la transformation de deux jeunes gens, férus de course. Faire son service militaire était considéré comme le véritable passage à l’âge adulte pour beaucoup. Alors faire la guerre…

Ils sont australiens : Archy Hamilton (Mark Lee) vient du Bush, l’autre Frank Dunne (Mel Gibson) de Perth. Ils ont une passion commune : la course.

Malheureusement, la période n’est pas aux amusements : 1915. L’Australie est entrée en guerre et les journaux vantent le courage des soldats. Alors ça enrôle, et ça s’engage. Difficile d’y échapper.

Les voilà partis pour le Front… En Egypte, pour faire leurs classes, puis c’est le vrai départ, pour Gallipoli, sur la côte turque.

Enfin la guerre. Si Archy est content, Frank est beaucoup plus réservé. Pourtant, que la guerre est belle ! Le débarquement se fait de nuit, et l’approche des bateaux vers les petites lumières des campements pendant que les obus éclatent est une vision féérique d’une abomination.

Ensuite, c’est l’attente des assauts.

Weir nous en propose deux. Le premier est vécu par Archy et Frank alors que des amis à eux y participent. Il n’est pas long : un coup de sifflet, des coups de feu, des rafales de mitrailleuses. Seuls les visages inquiets des deux héros importent.

Nous ne verrons de cet assaut que son effet sur les blessés : terrible. Rapidement, l’hôpital de guerre s’inquiète de la morphine qui va manquer.

L’autre assaut va concerner directement nos deux héros. Cet assaut reprend le propos dans Les Sentiers de la Gloire : un assaut stupide qui va causer des mortes inutiles. Mais cette fois, c’est seulement un colonel qui le commande.

Et c’est là que Weir devient formidable. Le colonel a décidé d’envoyer ses soldats à la mort. Il les a condamnés à mort. Il s’agit donc d’une exécution capitale.

Les soldats partagent leur dernière cigarette – celle du condamné à mort – et se soutiennent les uns les autres avant de partir mourir.

Nous ne sommes plus dans la vision idyllique de l’arrivée. La mort n’est plus une abstraction comme lors de l’assaut précédent. Elle devient présente, palpable, inéluctable, mais – hélas – inutile.

Même le recours gracieux – le message suspensif transporté par Frank – n’arrivera pas à temps.

Alors on assiste aux adieux que chacun écrit pour sa famille, des objets personnels sont déposés, leur mémoire.

Et puis c’est l’assaut.

L’autre habileté de Peter Weir dans ce film, c’est le traitement de l’espace. Nous passons de l’Australie, gigantesque, avec le désert infini où règne la solitude (on n’y trouve que trois personnes et un cheval) à l’Egypte, où les soldats sont plus nombreux et en limite de désert. L’espace s’est réduit, même s’il permet toute évolution.

Nous arrivons enfin à Gallipoli où les soldats sont entassés – morts comme vivants – sur une plage ridicule aux pieds d’une falaise. L’espace s’est encore réduit alors que les occupants ont augmenté. Même dans cet espace confiné, tout chemin n’est pas utilisable, des sentinelles turques rappelant aux soldats leur présence mortelle.

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